Expo : Paul Klee, Polyphonies au Musée de la Musique - Jusqu'au 15 janvier 2012



Le Musée de la Musique consacre au peintre suisse Paul Klee (1879-1940) dont l’œuvre picturale fût profondément marquée par la musique, la première grande rétrospective depuis 25 ans à Paris. Cette exposition retrace de façon chronologique le parcours du peintre. 130 œuvres, 70 documents, lettres, partitions, photographies, livres issus des archives personnelles de l’artiste offre une vision nouvelle des liens étroits qui unissent sa peinture et la musique. La légende raconte qu’avant toute exécution d’une œuvre plastique, il s’astreignait à jouer une heure de violon pour s’inspirer.


La Fugue en Rouge 1921

La lumière et les arêtes 1935

Fils d’une chanteuse reconnue et d’un professeur de musique, il devient violoniste de concert afin de se donner les moyens financiers d’explorer sa carrière de peintre. Avec sa femme Lilly, pianiste, il se consacre à la musique de chambre. Mais la musique n’est pas simplement une passion de jeunesse, elle est partie prenante de sa théorie artistique, un guide essentiel dans l’exploration des possibilités expressives de la peinture. C’est une base de réflexion qui transfigure la matière, ouvre un tout nouveau champ lexical qu’il applique à la forme plastique, ton, gamme, contrepoint, fugue, harmonie, tel dans "La Fugue en Rouge" inspirée d’une fugue de Bach son compositeur de prédilection. 

L’exposition replace l’œuvre de Paul Klee dans le contexte artistique de l’époque. En parallèle de ses propres œuvres, on découvre des toiles de Vassily Kandisky qu’il a connu aux Beaux Arts de Munich en 1900. Proche du groupe Der Blaue Reiter, Paul Klee se lie d’amitié avec Franz Mark et Auguste Macke au moment où le mouvement expressionniste allemand tend vers le passage du figuratif à l’abstraction. Robert Delaunay synthétise cette approche de la couleur et de l’abstrait. Pour Klee, le paysage se transforme en partition composée de mouvements et d’harmonie où l'on retrouve l'influence Der Blaue Reiter et de Kandisky.


Petite Composition - Franz Marc - 1913

L’expérience sensorielle de la vue et l’ouïe, la synesthésie est au centre de la réflexion artistique de Paul Klee, construction polyphonique inédite, à l’époque où il enseigne au Bauhaus avec des œuvres picturales architecturales en damier apportant une rythmique particulière à la couleur par la superposition, la graduation ou encore la nuance des valeurs. Parterre Multicolore 1923 est particulièrement représentatif, il utilise 3 couleurs pour créer une harmonie sur le modèle d’un accord de musique. 

A l’époque de son passage au Bauhaus, Paul Klee rencontre de nombreux compositeurs, Arnold Schönberg, inventeur de la musique dodécaphonique, Bela Bartoh, Ferrucio Busoni ou encore Stephan Wolfe qui à l’instar de Klee renouvellent la forme de leur art, repensent les bases mêmes de leur création. A Dusseldörf, il poursuit son expérimentation stylistique sur des formats plus larges et envisage la dématérialisation des pigments par l’usage des pointillés créant des « vibrations visuelles » comme dans La Lumière et les Arêtes  1935.


Parterre Multicolore 1923

Ecarté par le pouvoir Nazi, Paul Klee retourne à Berne près de Münchenbuchsee sa ville natale. Toutes ses créations sont des odes au rêve, à la symphonie colorée de la vie, un rapport complexe entre la musique et son influence sur l’art pictural du peintre, une tentative pour les arts plastiques d’atteindre dans leur domaine, l’idéal  musical mozartien. Une conquête de l’abstraction et de la couleur vers la forme pure. Je ne saurais trop vous conseiller cette belle exposition riche, onirique dont la musique vous accompagnera tout au long de la visite.

Paul Klee, Polyphonies 
Du 18 octobre 2011 au 15 janvier 2012

Musée de la Musique – Cité de la Musique
221 avenue Jean Jaurès – Paris 10
Tél : 01 44 84 44 84  
Horaires : du mardi au samedi de 12h à 18h et le dimanche de 10h à 18h fermé le lundi