Expo Ailleurs : Le Sphinx et la Rose. Leonor Fini. Florian Mermin. Avec des photographies de Lee Miller - Palais Idéal du Facteur Cheval - Hauterives - Jusqu'au 30 août 2025

Leonor Fini - La Fleur inconnue (1994) - Florian Mermin - Le Spectre de la Rose (appliques) (2024) 


L'exposition "Leonor Fini. Florian Mermin. Le Sphinx et la Rose", au Palais idéal du Facteur Cheval à Hauterives, s'inscrit dans le cadre d'une série de rencontres entre artistes contemporains et figures du XXème siècle. Ces événements croisés initiés sous la houlette de Frédéric Legros, commissaire de l'exposition et directeur du Palais idéal du Facteur Cheval, viennent souligner les liens noués entre les artistes de l'avant-garde des années 1930 et ce lieu hors norme, "oeuvre d'un seul homme".

"Le Sphinx et la Rose" lance des ponts entre les univers de Leonor Fini (1907-1996), peintre et graveuse d'origine italienne née en Argentine, et Florian Mermin (né en 1991). La rose élément clé de l'exposition se fait à la fois motif et matériau, symbole et parfum. Le dialogue originel se noue entre le tableau de Leonor Fini "La Beauté - Le Sphinx à la rose" (1974) et une sculpture inédite de Florian Mermin posée en regard, "Le Sphinx et la Rose" (2025). Oeuvre de céramique colonisée par des papillons étranges, celle-ci emprunte la forme d'un flacon de parfum parcouru d'épines de la rose, posé sur des pattes de sphinx.

L'esthétique plurielle puise aux sources d'imaginaires à la marge. Les démarches s'ancrent dans des similarités induites par l'exploration des limites, entre les genres, les espèces. Le féminin et le félin de Leonor Fini, l'animal et le végétal de Florian Mermin procèdent d'une même vibration, d'une esthétique du surgissement. La troublante familiarité des images et le décalage de la narration entretiennent une "inquiétante étrangeté" freudienne hantée par les peurs primales irraisonnées, la pamoison troublante. Cette promenade aux confins des imaginaires se double d'une sensorialité, expérience olfactive du parfum diffusé par des bougies placées sur des chandeliers en applique. La présence invisible entretient les intuitions d'une poésie onirique, suggère d'énigmatiques métamorphoses en cours.


Vue d'ensemble

Leonor Fini truc - Le troisième essayage (1989)

Vue d'ensemble

Florian Mermin - Le Sphinx et la Rose (2025)
Leonor Fini - Le Sphinx et la Rose (1980)


Leonor Fini - Carrefour d'Hécate (1982)

Les préceptes du surréalisme infusent l'exposition "Le Sphinx et la Rose". La mélancolie prégnante, une évanescence, se nourrit de la fugacité du parfum, des épiphanies plastiques. Les créatures hybrides victimes de maléfices, d'envoûtements racontent la vie, la mort. Ces figures ambivalentes convoquent le merveilleux, l'étrange, le beau bizarre, l'ambiguïté d'une beauté aussi séduisante que menaçante, une inquiétude. 

En 1939, à l'occasion de la pause estivale, Leonor Fini qui réside à Paris, se rend dans le Sud. Elle fait escale à Hauterives pour visiter le Palais idéal du Facteur Cheval d'où elle envoie une carte postale à ses amis Paul et Nusch Éluard. Elle signe le livre d'or du Palais le 26 juillet 1939. Ensuite, elle rejoint Max Ernst et Leonora Carrington dans leur maison de Saint-Martin-d'Ardèche. Le couple accueille alors la photographe Lee Miller qui capture à cette occasion des portraits en noir et blanc de Leonor Fini, présentés dans le cadre de l'exposition. La peintre les quitte pour se rendre à Arcachon auprès de Gala et Salvador Dali.

Au-delà de sa pratique de la peinture, de la gravure, Leonor Fini acquiert une réputation importante en tant que costumière et décoratrice de théâtre, de ballet, d'opéra. Elle entretient un goût certain pour la théâtralité, le rituel, la mise en scène jusque dans sa vie privée. Durant vingt ans, elle organise chaque année pour son anniversaire une fête, un bal à Nonza en Corse dans un ancien franciscain en ruines. 


Leonor Fini - Carrefour d'Hécate (1982)

Leonor Fini - Carrefour d'Hécate (1982) / Florian Mermin - Minimal Odorant (2024)
Florian Mermin - Effleurement (2021) / Leonor Fini - 14 chats dans la forêt (1962)

Florian Mermin - Le Spectre de la Rose (2024) / Leonor Fini - Portraits -
Leonor Fini - Scène antique (1933) / Florian Mermin - Les ballades (2019)

Florain Mermin - Le Spectre de la Rose (2024)
Leonor Fini - Portraits

Florian Mermin - Le Spectre de la Rose (2024)
Portrait de Leonor Fini par Lee Miller (1939)

Florian Mermin, diplômé en 2015 de l'École nationale des Beaux-Arts de Paris, multiplie les pratiques, sculpture, installations, les tableaux de pétales, la céramique, le métal, les tapisseries végétales, la photographie. Son art multisensoriel, empreint de féérie, dépasse la simple expérience esthétique pour convoquer les cinq sens. La rose et ses effluves se placent au coeur de sa réflexion plastique. Florian Mermin a créé une fragrance en collaboration avec Camille Chemardin, jeune parfumeuse lyonnaise. Le parfum induit une forme de flottement, un transport. L'esthétique enveloppante à l'instar des odeurs transporte dans des jardins intérieurs, lieux des rêves et des terreurs intimes.  

Florian Mermin associe les références érudites, cinéma, littérature, la culture populaire des contes et légendes, les imaginaires communs de l'enfance. Il entretient un ancrage dans la réalité par le prélèvement à un niveau élémentaire de motifs, assemblage de végétaux, porteurs d'un message écologique. Le surréalisme, le symbolisme, les jardins de Jérôme Bosch, les volutes de l'Art Nouveau, les mondes de Carrol Lewis, "La Belle et la Bête " (1946) de Jean Cocteau, Florian Mermin explore la dualité fondamentale des êtres et des expériences, volupté désir, souffrance douleur, la rose et ses épines. Les contradictions alimentent la perception des faux-semblants. 

Dans le cadre de l'exposition, Florian Mermin présente des pièces comme des vestiges architecturaux prélevés sur le Palais idéal, résonances plastiques manifestes. Le Palais Idéal proposera un second volet dédié à son travail jusqu'au 11 novembre 2025. 

Leonor Fini. Florian Mermin. Le Sphinx et la Rose. Avec également les photographies de Lee Miller
Jusqu'au 30 août 2025

8 rue du Palais - CS 10008 - 26390 Hauterives 
Tél : +33 (0)4 75 68 81 19
Horaires d'ouverture : En janvier : de 9h30 à 16h30 / De février à mars : de 9h30 à 17h30 / D'avril à juin : de 9h30 à 18h30 / De juillet à août : de 9h00 à 18h30 / En septembre : de 9h30 à 18h30 / D'octobre à novembre : de 9h30 à 17h30 / En décembre : de 9h30 à 16h30



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.