Flora Tristan (1803-1844) militante féministe et socialiste a vécu pour son engagement politique, humanisme empreint d'utopie marxiste. Fille d'un artistocrate péruvien officier au service du roi d'Espagne, et d'une bourgeoise parisienne dont la famille a émigré en Espagne au cours de la Révolution, elle grandit en France orpheline de père. Enfance difficile, jeunesse marquée par un mariage malheureux avec un homme violent, sa trajectoire prend un chemin alternatif quand elle s'engage politiquement. Flora met sa force morale au service de la lutte des classes, militant pour une redistribution des richesses, la justice sociale, dénonçant les injustices. Pionnière, elle s'investit dans la création d'un mouvement international ouvrier pacifiste. Elle meurt prématurément de la typhoïde.
Flora ne connaitra jamais son petit-fils, Paul Gauguin (1848- 1903). Le peintre, détaché des problématiques sociales, tente d'injecter dans la peinture une forme de "sauvagerie", élan primordial dans la lignée des arts premiers. Il envisage un retour aux sources, reconnexion à la nature par ses voyages tout d'abord au Panama, puis Tahiti et ensuite les îles Marquises. Il meurt précocement dans la misère, rongé par la syphilis.
Flora, la grand-mère mue par un idéal humaniste, devient une figure majeure du débat social. Sa vie s'inscrit toute entière dans les premiers pas de l'internationalisme au début des années 1840. Paul, le petit-fils, peintre post-impressionniste, désire révolutionner l'art occidental qu'il considère sur le déclin. Afin de réanimer sa créativité, il quitte l'Hexagone pour la Polynésie. Tempérament complexe, santé mentale mise en péril par la maladie, il acquiert une mauvaise réputation auprès des Polynésiens et rencontre l'hostilité des Marquisiens notamment pour son attitude de colon. Les controverses actuelles remettent en question l'homme et ses comportements problématiques. Lors de ses séjours en Polynésie, Gauguin use de son statut d'Occidental pour prendre des avantages sur les locaux, notamment une liberté sexuelle auprès de très jeunes filles.
Maria Vargas Llosa se penche sur la communauté de la tragédie et du désenchantement, les idéaux et les enfers personnels. Demeure la figure lumineuse de Flora éveillant les consciences, bousculant la société, dénonçant les iniquités.
Le Paradis - un peu plus loin - Mario Vargas Llosa - Traduction Albert Bensoussan - Éditions Gallimard - Poche Folio
Enregistrer un commentaire