Ailleurs : Eglise Sainte Foy de Conches-en-Ouche, édifice cultuel de style gothique flamboyant et remarquable collection de vitraux Renaissance

 

L’église Sainte Foy de Conches-en-Ouche reconstruite entièrement à la fin du XVème début du XVIème siècles a remplacé un premier édifice médiéval estimé entre le XIème et le XIIIème siècle. Edifiée selon un plan basical longitudinal sans transept, elle se déploie depuis une nef composé d’un vaisseau central flanqué de deux collatéraux. Le chœur, entouré de deux bas-côtés, aboutit sur un chevet à sept pans. La flèche de style gothique, établie sur terrasse, copie exacte de la flèche originale effondrée à la suite d’une tempête, le 10 mars 1842, coiffe la tour clocher méridionale. Cette dernière est percée de baies campanaires brisées. Elle surmonte un chevet polygonal. L’église Sainte Foy classée aux Monuments historiques sur la première liste de Mérimée en 1840 se distingue par sa remarquable collection de vingt-deux vitraux du XVème et du XVIème siècles, précieux témoignage de l’art verrier de la Renaissance en Normandie. Des statues du XVIème et du XVIIème siècles complètent un décor élégant. A la suite de la tempête de 1999, de nombreuses dégradations ont rendu nécessaire une campagne de réparation extensive. L’église a été partiellement restaurée en 2005. 












Les origines exactes de la lignée Tosny, fondatrice de Conches-en-Ouches, demeurent obscures. Néanmoins, elle s’illustre auprès du duché de Normandie dès le XIème siècle. En 1013, le duc Richard II confie le château de Tillières à Raoul Ier de Tosny et son fils Roger Ier de Tosny. Pour des raisons non élucidées à ce jour, les deux hommes sont contraints à l’exil. Chevaliers mercenaires, Raoul s’engage dans les Pouilles tandis que Roger rejoint l’Espagne à l’occasion de la Reconquista. Il y acquiert le surnom de « Mangeur de Maures ».  En 1024, le duc Richard II les autorise à revenir en Normandie. Raoul décède entre-temps. Roger Ier de Tosny reçoit le fief de Castellion dont dérive le nom Châtillon. Lors d’un pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle, le seigneur de guerre s’arrête à Conques. Il est frappé par la dévotion des fidèles engagés dans le culte à sainte Foy, martyre d’Agen. De retour dans ses terres normandes, il fonde la ville de Conches sur le territoire d’un ancien village d’origine celtique ou romaine. Il fait édifier une église avant 1026, dédicacée à sainte Foy. Une congrégation originaire de Fécamp établit vers 1035 l’abbaye Saint-Pierre de Castillon.

L’église actuelle entièrement reconstruire à partir de la fin du XVème siècle a conservé certains éléments du sanctuaire originel. La façade principale tripartite se compose d’un portail en arc brisé à voussures avec un tympan ajouré coiffé d’une gâble, surface décorative pyramidée. A droite, la façade est percée d’une porte en plein à ébrasement surmontée d’une baie en arc brisé. Au nord, de style antique, elle s’ouvre sur une porte rectangulaire surmontée d’une frise sculptée et d’un fronton. Une baie en plein cintre encadrée de colonnes grecques et flanquée de pilastres, à entablement d’inspiration dorique, surmonte la porte principale. Les murs gouttereaux et le chevet sont flanqués de contreforts en alternance avec des baies à remplage en arc brisé. En 1842, les verrières ont été endommagées par la chute de la flèche gothique notamment les panneaux du chœur et les baies du bas-côté sud. La nef couverte d’une toiture à double pente s’achève sur un chevet au toit en croupe.  

A l’intérieur, un niveau de grandes arcades en arc brisé couvert d’une voûte lambrissée en berceau encadre le vaisseau central de la nef. A huit travées, celle-ci se prolonge par un chœur de style gothique flamboyant déployé en sept pans et couvert d’une voûte en étoile qui date de la fin du XVème siècle. Les travées flanquées sont de bas-côtés couverts de voûtes à liernes et tiercerons. L’abside est surmontée d’une voûte rayonnante également à liernes et tiercerons. 











Les vingt-deux vitraux de l’église Sainte Foy de Conches-en-Ouche forment un ensemble remarquable majoritairement du XVIème siècle. Les deux plus anciennes verrières, réalisées vers 1500-1510, ont été prélevées sur l’église médiévale précédente puis remontées vers 1550 sur l’édifice actuel. Ces vitres ont été découpées et adaptées aux dimensions et aux formes des nouvelles baies de la nef. Les verrières des baies et tympans sont attribuées à Arnoult de Nimègue (environ 1475-environ 1540), maître verrier flamand de la Renaissance, ainsi que les lancettes de la baie dédiée à la Vie de Saint Jean Baptiste. 

Le maître verrier Romain Buron, originaire de Gisors actif entre 1534 et 1575, et principal élève d’Engrand / Angrand Leprince (mort en 1531), vitrailliste au sein d’un atelier familial, Jean, Nicolas, Pierre, les Leprince de Beauvais, actif entre 1491 et 1555, serait intervenu sur certains des vitraux. Il serait l’auteur d’une partie des fenêtres des sept premières travées de la nef répartie de part et d’autre du chœur dont les ouvertures sur les sept pans s’ornent chacune d’un vitrail. Les verrières du chœur, contemporaines de celles de la nef, ont été estimées comme postérieures à 1535. La date correspond au modèle de la gravure d’Aldegrever qui a inspiré le putti de l’une des baies. A la suite de l’effondrement de la flèche en 1842, les vitraux détruits sont reproduits d’après relevés à partir de 1846. Les nombreuses dates et inscriptions annoté sur les vitraux des cinq dernières travées des bas-côtés permettent de suivre le déroulé chronologique de leur mise en place. 

Les vitraux ont fait l’objet tout au long des siècles de nombreuses campagnes de restauration. En 1850, l’Etat commande des relevés à grandeur de toutes les verrières. Jean-Edmond et François-Michel Laumônier sculpteurs sur bois à Conches établissent des calques entre 1850 et 1855. Le maître verrier François Décorchemont (1880-1971), petit-fils de François-Michel Laumônier, les transmettra aux institutions pour conservation. La première campagne de restauration est menée de 1857 à 1859-60 par Laurent-Charles Maréchal (1801-1887), dessinateur, pastelliste et peintre verrier français du XIXème siècle, chef de file de l’Ecole de Metz. Les vitraux déposés sont convoyés jusqu’en Lorraine par train pour être restaurés. Lors d’un incendie d’atelier le 11 juin 1866 la baie dite de l’Annonciation est détruite. Le maître verrier Leprévost s’attache à la seconde campagne de restauration entre 1875 et 1880. Elle concerne les baies de l’abside panneaux inférieurs, détruits lors de la construction de la sacristie. De nombreuses photographies documentent le chantier, avant et après. Un jet de canette vandalise l’église en mai 2011. A l’occasion de cet incident certains vitraux sont endommagés.










L’église Sainte-Foy de Conches est dépositaire de la pierre tombale de Guillaume de Conches (1080-1150) grammairien et philosophe du XIIème siècle, l’un des maîtres de l'École de Chartres, avec Bernard de Chartres, Thierry de Chartres, Bernard Silvestre et Jean de Salisbury. 

Les archives indiquent que l’orgue en tribune original daté de 1863 serait l’oeuvre d’un facteur Duchatelier dont il n’est fait mention nulle part ailleurs alors qu’à la même époque se trouve en activité le facteur Damiens établi à Conches. Le facteur Paul-Marie Koenig de Caen restaure cet instrument en 1930. Le facteur Gervais de Darnétal, en Seine-Maritime, intervient en 1963 et 1985. Mais au début des années 2000, désormais injouable, il est remplacé par un orgue électronique. La reconstruction menée de 2008 à 2010 est confiée à la manufacture Béthines-Les-Orgues de Jean-Baptiste Boisseau et Jean-Marie Gaborit. L’instrument reprend les caractéristiques d’un orgue de transition du milieu du XIXème siècle. Le buffet est agrandi et restauré pour accueillir ce nouvel orgue. 

Eglise Sainte Foy de Conches en Ouche
18 Rue Sainte-Foy - 27190 Conches-en-Ouche



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.