Paris : À la Renommée des Herbes Cuites, ancienne enseigne d'un épicier-traiteur au 95 rue Saint-Honoré - Ier


 
« À la Renommée des Herbes Cuites », ancienne enseigne XIXème d’un épicier-traiteur au 95 rue Saint Honoré, appartient aux charmants vestiges du Vieux Paris. Devantures de commerces disparus, façades préservées quand les vocations des boutiques ont changé, confèrent à la ville une qualité de nostalgie douce, un pittoresque évocateur. L’immeuble date du début du XIXème siècle. Les Monuments historiques ont classé la façade par arrêté du 23 mai 1984. Jusqu’à la fin du XIXème siècle l’enseigne porte un nom différent « la Renommée des épinards » qui devient « À la Renommée des herbes cuites » au début du XXème siècle. Changement de vocable mais pas de vocation, cette épicerie fait office à la fois de maraîcher, de crémier et de boucher. 






Au 93 rue Saint Honoré, le style particulier de l’enseigne « À la renommée des herbes cuites » évoque les années 1820. Son originalité est soulignée par la position inhabituelle des fixés sous verre placés au premier étage du bâtiment. Il est rare de trouver des textes de réclame associés à l’enseigne à pareille hauteur. Les panneaux descriptifs permanents, lettrage doré sur marbre noir, annonçaient les spécialités du commerce, les aliments disponibles.

Les mentions « Beurre œufs fromages », enseigne typique des crémiers, renvoient aux modes de distribution particulier de certaines denrées. Au XIXème siècle, le beurre provient essentiellement des fermes aux environs de Paris. Les livraisons en provenance de Saint-Germain-en-Laye, Vanves, Argenteuil, du Gâtinais, de Brie ont lieu deux fois par semaine. Deux autres jours sont réservés aux beurres des provinces de l’Ouest, de Normandie parmi lesquels l'illustre beurre d’Isigny, sensible à la température et seulement disponible de novembre à mai. Les beurres salés de Bretagne, de Flandres et du Bourbonnais plus résistants abondent toute l’année. Les œufs sont vendus par la corporation des fruitiers qui conserve également longtemps sous l’Ancien Régime, l’exclusivité du commerce des fromages, Auvergne, Normandie, Dauphiné puis Italie, Suisse et Hollande. 






Au centre de la façade, les mentions fruits et primeurs, oranges et citrons évoquent l'appétence particulières des Parisiens pour ces produits de luxe, ces fruits encore exotiques. A gauche de l’enseigne, les mots « volailles gibier rôtisserie » suggère un privilège exclusif, celui de la vente de viande fraîche et rôtie.

Au XIXème siècle, les décorateurs spécialistes du fixé sous verre travaillent essentiellement pour les commerces de bouche et autres boutiques au détail. Cafés, bars et bistrots empruntent peu à peu les codes relatifs aux devantures et intérieurs pour annoncer les spécialités de leur établissement via des panneaux à description. Ils incluent également tarifs de consommation, indications commerciales complémentaires. Aujourd’hui, l’ancienne épicerie-traiteur est devenu un restaurant dont l’enseigne reprend les codes graphiques des éléments classés, préservant ainsi l’unité de la façade. « À la Renommée des herbes cuites » jouxte un second ancien commerce, au 93 rue Saint Honoré, à l’enseigne « Au Bourdon d’or ». 

À la Renommée des Herbes Cuites
95 rue Saint Honoré - Paris 1



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 

Bibliographie
Vitrines du passé, l’art du fixé sous verre à Paris - Aline Boutillon - Editions Artena
Curiosités de Paris - Dominique Lesbros - Parigramme