Ailleurs : Maison Caillebotte à Yerres, ancienne propriété familiale du peintre Gustave Caillebotte, un lieu de culture et de promenade unique



La Maison Caillebotte déploie son riche patrimoine historique et artistique au cœur de la ville de Yerres dans l’Essonne. Lieu de villégiature de la famille Caillebotte de 1860 à 1879, cette propriété a inspiré près de quatre-vingt-dix œuvres au peintre impressionniste. Elle est le cadre de l’enfance, des vacances, de la complicité entre frères. Gustave Caillebotte lui consacre ses premiers tableaux documentant ainsi, dans un cadre privilégié, l’évolution de la société et l’appétence de la bourgeoisie pour les sports de loisirs. Le potager, l’embarcadère, le bras de l’Yerres qui longe le domaine, la maison, les parterres fleuris, les sous-bois, ces lieux emblématiques immortalisés par l’artiste tout au long des années 1870, ont retrouvé leur apparence originelle du milieu du XIXème siècle grâce à la diligence de la commune propriétaire du domaine. Le parc d’agrément à l’anglaise rythmé par les pittoresques fabriques et des arbres remarquables se visite librement tous les jours tout au long de l’année. Les dépendances devenues espaces d’art et de culture, sont accessibles en fonction du calendrier des expositions. La villa de style néoclassique, façade rythmée d'une colonnade palladienne, restaurée et réaménagée en 2017 témoigne du quotidien luxueux d’une famille bourgeoise de la fin du XIXème siècle. Inscrite à l’inventaire des Monuments Historiques par arrêté du 5 octobre 1993, la propriété a été labellisée « Maison des Illustres » en 2012 par le Ministère de la Culture. Ce lieu culturel, destination touristique unique, se trouve à vingt-cinq minutes de Paris en RER D. 











A l’origine de la Propriété Caillebotte, se trouve un domaine dont la présence est attestée dès le XVème siècle. En 1824, Pierre Frédéric Borrel, maître d’hôtel de M. de Montalivet alors Ministre de l’Intérieur, puis chef du restaurant parisien Au Rocher de Cancale, rue Montorgueil, se porte acquéreur de l’ancien manoir des Budé ou Hôtel de Narelles. Au cours des années 1830, il aménage la propriété, onze hectares de terrain, dans sa configuration actuelle. Du manoir, il ne conserve que les fondations, sous-sols voûtés, et se fait construire une villa palladienne sur le modèle italien, rebaptisée le Casin. Il transforme le parc selon le goût anglais, y établit les premières fabriques pittoresques : Exèdre gréco-romaine, Kiosque et Glacière, Chaumière. Il ajoute une Orangerie, ainsi qu’un ensemble de bâtiments utilitaires, écuries, vacherie, laiterie, grange qui constituent de nos jours la Ferme Ornée.

En 1843, Marie-Anne Biennais, veuve de l’orfèvre Martin-Guillaume Biennais (1764-1843), auteur notamment de la couronne de laurier du sacre de Napoléon, rachète la propriété. Elle est également la cousine de la première épouse de Martial Caillebotte (1794-1874), drapier a fait fortune en devenant fournisseur des armées de Napoléon III. Lorsqu’elle décède, les héritiers Biennais cèdent la propriété à leur cousin à l’occasion d’une vente aux enchères le 12 mai 1860. 

La famille Caillebotte s’attache particulièrement à ce lieu de villégiature. La fratrie à laquelle appartient Gustave, fruit d’un troisième mariage, René le frère cadet, tragiquement disparu à l’âge de vingt-cinq ans, Martial le benjamin compositeur, pianiste et photographe, y vit de grands moments de bonheur partagé. Martial Caillebotte père fait construire la Chapelle Notre Dame du Lierre afin qu’Alfred Caillebotte, demi-frère issu du premier mariage, ordonné prêtre en 1858, viennent célébrer la messe pour la famille. Lors de la guerre de 1870 contre la Prusse, la propriété est occupée militairement. En 1878, madame Caillebotte mère, Céleste, meurt. Gustave et Martial héritent de la propriété d’Yerres. Ils la vendent en 1879 à Mme Dubois, photographe amateur dont les images sont exposées de nos jours dans l’un des salons de la Maison Caillebotte. En 1973, la Ville d’Yerres rachète pour un franc symbolique la propriété Caillebotte à l’abandon. D’importantes campagnes de restauration menées de 1995 à 2017 permettent d’ouvrir le domaine au public. 











En 2017, les travaux de réhabilitation de la demeure familiale dite le Casin, lui rendent ses couleurs d’origine et un mobilier. Le parcours muséographique déployé sur trois niveaux et douze salles s’attache à retranscrire une atmosphère authentique, témoignage exceptionnel de la vie bourgeoise quotidienne dont le décor a été reconstitué grâce à l’aide du Mobilier National et des Amis de la propriété Caillebotte. Au rez-de-chaussée, le salon, la salle de billard, la salle à manger évoquent l’histoire des lieux tandis que la cuisine avec ses carreaux de Delft du XVIIIème siècle et la cuisinière en fonte accueille la boutique.

Au premier étage, les petits salons traduisent les centres d’intérêt des trois frères Caillebotte, le salon de musique de Martial, le salon de lecture. L’omniprésence des motifs ayant trait à la navigation renvoie à la passion de Gustave pour les sports nautiques, la voile en particulier.  La chambre parentale occupée par Gustave Caillebotte a été restituée à l’identique. Le mobilier Empire créée à son propre usage par Martin-Guillaume Biennais et placée à la propriété par sa veuve Marie-Anne Gaudin lors de l’acquisition en 1843 avait été vendu en 1962. La rumeur le disait parti de l’autre côté de l’Atlantique. L’ensemble a été redécouvert lors de la vente aux enchères de la collection Balkany en 2016 chez Sotheby’s. Préemptés par la Propriété Caillebotte, les meubles s’exposent à nouveau dans le cadre quotidien de Gustave. Au dernier étage, l’atelier du peintre reconstitué bénéficie d’un accrochage tournant d’œuvres originales prêtées par le Musée d’art et d’histoire Baron Gérard de Bagneux.

Les dépendances de la maison ont été transformées en salles d’exposition. Dans le parc, l’Orangerie de style néoclassique, lignes sobres et fronton triangulaire, servait au XIXème siècle de serre chaude naturelle et de lieu d’hivernage pour les orangers d’ornement qui apparaissent dans les compositions de Caillebotte. Désormais, s’y tiennent des événements culturels souvent en accès libre. En face de la villa, la Ferme Ornée, ancien bâtiment agricole est devenu Centre d’art et d’exposition Dans son prolongement, le Chalet suisse, ancienne laiterie dont le décor de bois est signé Martial Caillebotte, héberge désormais le restaurant de la propriété. Dans la cour, la volière en rotonde installée en 1860 par Martial Caillebotte père accueille toujours des oiseaux variés. 

Le parc, distingué par le label « ensemble arboré remarquable », possède de beaux spécimens, parmi lesquels deux arbres bicentenaires, un Cèdre du Liban à l’entrée de la propriété, et un platane d’Orient au fond du parc. Le paysagiste Louis Benech est intervenu en 2006 afin de lui redonner son lustre d’antan. Les tableaux de Caillebotte ont servi de modèle pour replanter les sous-bois, recréer les parterres fleuris et les pièces d’eau, repenser les bords de la rivière.











Les fabriques ont été rénovées au fur et à mesure. Perché sur un enrochement artificiel, le Kiosque d’inspiration asiatique, fleur de lotus et griffons, décor de bois imitant le bambou et vitraux, dissimule sous son tumulus la Glacière profonde de sept mètres, désormais visitable. La Chapelle Notre Dame du Lierre style néogothique a été entièrement restaurée en 2016 ainsi que la Chaumière. Sur le bras de la rivière Yerres qui borde la propriété, la passerelle métallique dont la silhouette caractéristique s’invite souvent dans les œuvres du peintre, a été reconstituée en 2006. L’embarcadère, point de départ de promenades en barque ou en canoë de mai à septembre, convoque le souvenir des célèbres périssoires. 

Le potager de mille sept cents mètres carrés a été réaménagé en 2011 par la commune. Du temps de Gustave Caillebotte horticulteur amateur passionné, il couvrait cinq mille mètres carrés. Animé par l’association Le potager Caillebotte, il est ouvert à la visite de mai à octobre.

Maison Caillebotte
8 rue de Concy - 91330 Yerres
Tél : 01 80 37 20 61
Horaires : 
- La Maison ouvre tous les week-ends de novembre à mars le samedi et le dimanche de 14h à 18h30, d’avril à octobre du mardi au dimanche de 14h00 à 18h30 
- Le parc est accessible tous les jours du 1er octobre au 31 mars de 9h à 18h30. Du 1er avril au 31 mai de 9h à 20h30. Du 1er juin au 31 juillet de 9h à 21h. Du 1er août au 30 septembre de 9h à 20h 



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.