Expo : Les Forêts natales - Musée du quai Branly Jacques Chirac - Jusqu'au 21 janvier 2018



L'exposition "Les Forêts natales", dont le titre est emprunté à un vers d'Apollinaire extrait du poème "Les Fenêtres", célèbre l'importante pratique artistique d'une aire culturelle, berceau d'une impulsion créatrice. Vaste panorama des arts de l'Afrique équatoriale atlantique, à la fois contexte géographique et milieu naturel unique, cet événement met en lumière le génie plastique, hérité de la tradition bantoue, d'une région qui s'étend à travers le Gabon, la Guinée Equatoriale, le Cameroun, le Congo. La statuaire religieuse liée aux cultes domestiques des ancêtres et les masques, évocations des nombreux aspects des entités spirituelles dans le fonctionnement des sociétés, sont les deux manifestations les plus fortes, les plus emblématiques d'un art qui fascina les artistes européens au début du XXème siècle. Inspirant les avant-gardistes du siècle dernier, tels Picasso, Derain, Braque, les œuvres originaires de l'Afrique équatoriale apparaissent, de nos jours, comme un élément clé pour mieux appréhender la constitution du regard moderne.











Parmi les 350 œuvres présentées, datant du XVIIème au début du XXème siècles, certaines ont appartenu à Apollinaire, Paul Guillaume, Vlaminck, Fénéon, Jacques Kerdache le fondateur du musée. Issues des collections du quai Branly, prêts de collections privées ou publiques, d'Allemagne, de Suisse, d'Amérique, leur réunion à l'occasion de l'exposition a permis de prolonger une relecture très complète de l'histoire de l'art de l'Afrique équatoriale. Pièces exceptionnelles, créations emblématiques, les artistes sont pourtant demeurés le plus souvent anonymes tant il a été difficile d'identifier les auteurs de ces œuvres.

Les Fangs au Nord, les Kotas plus à l'Est, les Tsogos, les Punus en Afrique du Centre, cette classification des courants artistiques héritée de la période coloniale qui voudrait limiter les différentes expressions artistiques à une catégorisation régionale cache une réalité plus complexe. Dans cette vaste zone géographique, dont le peuplement est le résultat de migrations bantoues, la pratique artistique s'est fait le reflet des déplacements de population depuis le XIVème siècle auxquels et de l'intensité des échanges commerciaux.











Circulation des techniques, des styles, emprunts interculturels, la dynamique historique a donné une profonde liberté formelle et technique aux artistes dont l'imaginaire s'est nourrit de toutes les influences. L'exposition "Les Forêts natales" évoque les correspondances, les mutations, les particularités de la sculpture d'Afrique équatoriale.

Le parcours souligne la cohérence des principaux courant artistiques, le foisonnement de formes, de matières et de techniques. Statues d'ancêtres figures gardiennes des reliquaires, fétiches, masques des peuples Fang, Kota, Tsogo ou Punu, piliers de case ponctuent une scénographie dépouillée, la puissance des pièces présentées se suffisant à elle-même. La visite se poursuit dans un clair-obscur de sous-bois qui révèle toute la splendeur de ces chefs-d'œuvre.











A l'occasion de l'exposition, le laboratoire du musée a pu mener une série d'analyses scientifiques sur un corpus représentatif de l'art de cette région apportant un nouvel éclairage sur les modes de production et la composition des œuvres. 

Les Forêts natales - jusqu'au 21 janvier 2018
Musée du quai Branly Jacques Chirac
37 quai Branly - Paris 7
Tél : 01 56 61 70 00
Horaires : lundi, mardi, mercredi et dimanche de 11h à 19h, jeudi, vendredi et samedi de 11h à 21h
Tarif : 10 euros - Tarif réduit : 7 euros - Gratuit – 18 ans
Accès aux personnes à mobilité réduite



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.