Le passage Sainte-Foy, à l'abri de discrètes portes d'immeubles, s'ouvre en un étroit boyau dont l'atmosphère jusqu'alors assez sinistre évolue lentement sous l'impulsion des riverains. La date exacte de création du passage est inconnue mais il possède les caractéristiques des venelles héritées du Moyen-âge. En 1813, il s'appelle le passage Saint-Marguerite lorsque de grands travaux le réinventent complètement. Il est entièrement reconstruit et prend le nom de Aubert d'après le nom de l'architecte en charge. En 1873 il devient passage de Sainte-Foy, du fait de la proximité de la rue qui elle-même tient le sien d'une ancienne enseigne de boutique. Au début du XXème siècle, le passage accueille des commerces d'alimentation comme le maraîcher, à l'enseigne fruiterie, présent sur un cliché datant de 1910. De nos jours, dans le cliquetis des machines à coudre, les ateliers de confection tiennent le haut du pavé. Le passage Sainte-Foy, situé sur le dernier tronçon de la rue Saint-Denis où la prostitution a encore cours, n'a pas le charme des passages couverts les plus connus mais sa patine industrieuse ne manque pas d'intérêt. D'autant qu'il possède une curiosité géographique, vestige de l'enceinte de Charles V, assez piquante.
Lancé entre la rue Saint-Denis et la rue Sainte-Foy, le passage Sainte-Foy traverse le pâté de maisons sur 78 mètres en faisant un saut de puce sur une volée d'escalier de treize marches. Entre les deux voies parisiennes, cette intrigante dénivellation s'explique historiquement. Le passage franchit les trois degrés de l'ancienne enceinte Charles V qui n'ont pas été aplanis par les constructions ultérieures.
Cette brusque butée correspond aux différences de niveau entre le chemin de ronde intérieur et le remblai de la muraille qui suivait le dessin de la rue Sainte-Foy, précédemment appelé rue du Rempart. Un peu plus loin, la rue d'Aboukir a été tracée sur le remblai du grand fossé lors de la démolition de l'enceinte tandis que la rue de Cléry suit l'ancien chemin de contrescarpe, c'est à dire le chemin de ronde extérieur à l'enceinte.
Cette brusque butée correspond aux différences de niveau entre le chemin de ronde intérieur et le remblai de la muraille qui suivait le dessin de la rue Sainte-Foy, précédemment appelé rue du Rempart. Un peu plus loin, la rue d'Aboukir a été tracée sur le remblai du grand fossé lors de la démolition de l'enceinte tandis que la rue de Cléry suit l'ancien chemin de contrescarpe, c'est à dire le chemin de ronde extérieur à l'enceinte.
Depuis l'Antiquité jusqu'au XXème siècle, Paris aura connu sept ou huit enceintes successives, une hypothétique enceinte gauloise, une enceinte gallo-romaine, trois enceintes médiévales dont celle de Philippe Auguste et de Charles V, l'enceinte de Louis XIII, dite des Fossés jaunes, l'enceinte des Fermiers généraux et l'enceinte de Thiers
Urbanisation, extension des zones d'habitation, surpopulation, la ville déborde de ses murailles rapidement dès qu'elle est cernée. A Paris les remparts de Philippe Auguste construits de 1190 à 1210 vont être remplacés au milieu du XIVème siècle rive droite par une nouvelle enceinte dite de Charles V.
A la suite de la Guerre de Cent ans, du désastre de la bataille de Poitiers en 1356, Etienne Marcel prévôt des marchands de Paris lance l'édification d'une nouvelle butte en terre englobant les habitations parisiennes sur 500 mètres au-delà de l'enceinte Philippe Auguste.
En 1358 le roi Charles V demande que cette butte soit fortifiée contre les tirs d'artillerie mais les travaux ne seront achevés qu'en 1420 sous Charles VI. Les nouveaux remparts s'étendent sur 4875 mètres. Les courtines entre deux bastions s'élèvent à 13 mètres de haut. Deux fossés complètent le dispositif défensif. Le plus grand rempli d'eau, large de 30 mètres et profond de 8 mètres, est alimenté par le cours de la Seine.
L'enceinte se déploie en arc de cercle sur six portes ce qui sur le plan de notre Paris moderne donne : la porte Saint-Antoine au débouché de la rue de la Bastille sur la place de la Bastille, la porte du Temple au débouché de la rue du Temple sur la place de la République, la porte Saint-Martin au croisement de la rue Saint-Martin et de la rue Blondel, porte Saint-Denis au carrefour de la rue Saint-Denis et de la rue Blondel, porte Montmartre rue Montmartre et rue d'Aboukir, porte Saint-Honoré place André Malraux
A partir de 1634 la partie occidentale est réformée pour être élargie à l'enceinte Louis XIII. Les reliquats de celle de Charles V sont intégrés ou démolis, les fossés comblés. L'enceinte Louis XIII sera, sur l'ordre de Louis XIV, rasée à son tour en 1670 pour laisser place aux Grands Boulevards.
Des remparts de Charles V, il ne reste aujourd'hui que très peu de choses. A travers la ville, seules les dénivellations de terrain rappellent sa présence. En revanche travaux et fouilles archéologiques ont permis de mettre à jour certain pans notamment lors du percement du métro au début du XXème siècle ou encore en 1991-92 dans les sous-sols du Louvre où les fragments conservés et intégrés aux nouvelles salles sont exposés au public. En 2015, des fouilles place du Père-Teilhard-de-Chardin dans le IVème arrondissement ont révélé d'autres portions ensevelies.
Passage Sainte-Foy - Paris 2
Accès 261/263 rue Saint-Denis - 14 rue Sainte-Foy
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
Bibliographie
Le guide du promeneur 2è arrondissement - Dominique Leborgne - Parigramme
Paris secret et insolite - Rodolphe Trouilleux - Parigramme
Dictionnaire historique des rues de Paris - Jacques Hillairet - Editions de Minuit
Sites référents
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