Expo : De Zurbaràn à Rothko, Collection Alicia Koplowitz - Musée Jacquemart André - Jusqu'au 10 juillet 2017



Dans la demeure d'une grande mécène de la fin du XIXème siècle, Nelly Jacquemart, l'exposition De Zurbaràn à Rothko dévoile la diversité et l'ampleur d'une collection présentée pour la première fois en tant que telle. Cinquante-trois œuvres de la pinacothèque personnelle d'Alicia Koplowitz, l'une des premières fortunes d'Espagne, héritière et femme d'affaires, souvent prêtées pour des expositions mais jamais rassemblées en un seul événement, ouvrent un dialogue entre anciens et modernes. De la peinture espagnole du XVIème siècle à nos jours, l'histoire de l'art occidental déploie son cours à travers l'œil aiguisé d'une collectionneuse qui depuis trente ans se laisse guider par son émotion esthétique, son ressenti. Au-delà du nom, des côtes, Alicia Koplowitz privilégie la rencontre avec une oeuvre, sa puissance évocatrice. Pièces classiques, modernes et contemporaines révèlent dans leur éclectisme la sensibilité artistique d'une femme qui a développé un goût pour le travail intense des matières, la vibration de la couleur. Une exposition fascinante au musée Jacquemart-André.













Parmi toutes les œuvres réunie sous l'égide du Grupo Omega Capital, société d'investissement créée en 1998, il aura fallu faire des choix drastiques. Trente-cinq tableaux, sept dessins, onze sculptures et trente-et-un artistes illustrent la splendeur d'une collection à vocation encyclopédique à l'instar de celles du XVIème au XVIIIème siècle. Amplitude chronologique, diversité des époques, des techniques, des styles, l'exposition trouve une cohérence picturale dans des fils rouges tendus comme la figure récurrente du portrait féminin, reflet des goûts personnels d'Alicia Koplowitz.

De l'Âge d'or espagnol, aux impressionnistes, jusqu'à la modernité de l'Ecole de Paris, l'abstraction de la fin du XXème siècle et la création contemporaine, la scénographie chronologique, d'une sobriété exemplaire, suit époques et courants artistiques portée par des thématiques finement dessinées. Les pièces maîtresses des plus grands artistes côtoient des œuvres plus méconnues soulignant les prises de risque de la collectionneuse, ses audaces faites de choix et son envie de partage.











"La vierge à l'enfant avec Saint Jean-Baptiste" de Francisco de Zurbaràn, le "Portrait de la comtesse de Haro" de Francisco de Goya laissent place aux paysages urbains de Giambattista Tiepolo, Canaletto et Francesco Guardi. D'émouvants Iris de Vincent van Gogh, l'une de ses dernières œuvres, côtoient la très belle Liseuse de Henri de Toulouse-Lautrec tandis que les Femmes au bord de la rivière de Paul Gauguin répondent à la "Femme à la robe bleue "de Egon Schiele.

Les œuvres de Pablo Picasso, Juan Gris poursuivent le courant espagnol alors que les reflets verts de "La femme au grand chapeau" de Kees van Dongen évoquent les nuits parisiennes de 1910. "La rousse au pendentif" de Amedeo Modigliani qui a été choisie pour illustrer l'affiche officielle de l'exposition attire toute l'attention des visiteurs.








Nicolas de Staël, Willem de Kooning, Mark Rothko nous font aborder notre époque. Tandis que la sculpture contemporaine est représentée par "Femme de Venise" d'Alberto Giacometti, La feuille de Germaine Richier et "L'araignée" de Louise Bourgeois, la troublante "Jeune femme à la fourrure de Lucian Freud" s'interroge des effets de matière de Miquel Barcelò. 

"De Zurbarán à Rothko, Collection Alicia Koplowitz" est une exposition flamboyante qui offre au visiteur un voyage éclair à travers l'histoire de l'art. Oeuvres rares, artistes majeurs, elle est à ne pas manquer.

De Zurbarán à Rothko, Collection Alicia Koplowitz 
Du 3 mars au 10 juillet 2017

Musée Jacquemart-André
158 boulevard Haussmann - Paris 8
Tél. : 01 45 62 11 59
Horaires : Ouvert tous les jours y compris les jours fériés de 10h à 18h. Nocturnes les lundis jusqu’à 20h30 en période d’exposition




Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.