Expo : Les insoumis de l'art moderne, Paris, les années 50 - Musée Mendjisky Ecoles de Paris - Jusqu'au 31 décembre 2016



Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale à Paris, un groupe de jeunes artistes s'oppose au renouveau de la contemporanéité qui voudrait imposer l'abstraction et la conceptualisation. Ces peintres qui travaillent à Paris souhaitent réinventer la figuration dans la continuité de la grande peinture redécouverte à la réouverture du Louvre, renouveler l'héritage des anciens dont Gustave Courbet qu'ils considèrent comme le dernier grand peintre humaniste. Insoumis, ils se rebellent contre une modernité jugée factice au profit d'un art figuratif ayant l'homme au centre de ses préoccupations créatrices. Art universel et intelligible, la Jeune Peinture comme ils se surnomment lorsqu'ils lancent leur propre salon en janvier 1950, prend le parti d'une figuration à l'opposé de l'art décoratif bourgeois ou de l'abstraction qui fait disparaître le réel pour atteindre une forme de spiritualité. Le musée Mendjisky Ecoles de Paris présente jusqu'au 31 décembre une exposition pour redécouvrir ce mouvement, son ampleur et sa diversité.  













Dès le début des années 50, la révolte picturale de la Jeune Peinture prend une voie expressionniste dont le but est de réhumaniser la peinture. Revendiquant une nouvelle figuration éprise de réalité, ces artistes se posent en témoin de l'époque. Bernard Buffet, Bernard Lorjou, André Minaux, les artistes de la Ruche tels que Simone Dat, Michel de Gallard, Paul Rebeyrolle, Michel Thompson, François Adnet, Bellias, Cara-Costea, Jean Commère, Guerrier, Heaulmé, Roger Lersy, Pollet, Gaëtan de Rosnay, Françoise Sors, Maurice Verdier sont représentés à travers plus de soixante-dix d'œuvres, 

L'exposition rend compte d'une vision humaniste de l'art soumise à la réalité du sujet, "l'exacte certitude du vif de l'instant", dans laquelle le dessin est primordial. Organisation de la matière et des éléments, rigueur, palette proche des couleurs naturelles ocre, noir, vert, les peintres du mouvement évacuent le caractère ornemental de leurs œuvres, évincent toute gratuité esthétique, toute intellectualisation pour aller à l'essence des choses.














Recueillement et silence après la mort et la destruction, les grands formats qui suivent les restrictions des années de guerre apparaissent comme une réaction aux privations. Peinture totale, universelle, appréhendée avec le cœur, avec les sens, le travail de ces artistes remet en question la cérébralité de l'art moderne, s'érigeant contre la froide esthétique de l'abstrait qui refuse la vie. 

Art des sensations, art d'être, sans concession, ils expriment la crudité rustique et généreuse de la réalité sans la flatter ni la malmener. Natures mortes, faune, flore, paysages, nus féminins, figure humaine, dans les ateliers de Montparnasse, les peintres exaltent la saveur de l'existence, se posent en témoins de la beauté de sujets simples et réenchantent le quotidien à travers leur pratique artistique. La Jeune Peinture est selon Pierre Basset "un cri de vie" réaffirmant un attachement à la nature et à l'homme, peinture universelle et profondément humaniste.













Alors que la Jeune Peinture soutenue par le marchand d'art parisien Emmanuel David et la Galerie Rosenberg à New York a connu un grand rayonnement jusqu'aux années 60, le mouvement a progressivement perdu de son influence au profit de l'Ecole de New York, des anglo-saxons, Francis Bacon, Lucian Freud, Edward Hopper ou encore Giorgio Morandi, Balthus ainsi que de l'abstraction. Cette exposition est l'occasion de mettre à nouveau en lumière ce courant passionnant.

Les insoumis de l'art moderne, Paris, les années 50 
Jusqu'au 31 décembre 2016

Musée Mendjisky - Ecoles de Paris
15 Square de Vergennes, 75015 Paris
Tél : 01 45 32 37 70
Horaires : Tous les jours de 11h à 18h sauf le jeudi et les jours fériés, le mardi nocturne jusqu'à 20h



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.