Paris : Villa Daviel, destinée singulière de logements sociaux devenus petit luxe parisien - XIIIème



La villa Daviel, charmante impasse résidentielle doit son nom à la rue du même nom sur laquelle elle débouche au numéro 7. Jacques Daviel (1696-1762) médecin de Louis XV, à qui elle rend hommage, est le premier chirurgien en France à avoir réussi une opération de la cataracte. Nichée au fond de la vallée de la Bièvre dont le bras mort suivait l'actuelle rue Würtz, sa construction remonte à 1912. Elle est achevée en même temps que l'ensemble HBM de la Petite Alsace situé juste en face. Les jolies maisonnettes sagement alignées rivalisent de coquetterie. Le long de la voie pavée de frais qui trottinent gaiement sur 113 mètres de long, les pavillons de briques ou en pierre de meulière donnent un air de sous-préfecture à ce micro-quartier. Derrière les grilles bigarrées, les jardinets choyés par les riverains s'épanouissent dans l'abondance végétale d'une nature qui prend sa revanche sur le milieu urbain. Volets aux couleurs pimpantes, touches pastel décoratives répondent à la vivacité des roses et des glycines. La vigne vierge, en automne, flamboie tandis que bananier, figuier et palmier rêvent du sud. Un lieu privilégié singulier dont la vocation première fut sociale.








Lotie, puis construite dans un souci d'harmonie esthétique et d'unité architecturale, la villa Daviel est l'une de ces petites voies privées typiquement parisiennes ayant par miracle échappées à la modernisation du XIIIème. Cet ensemble, destiné à l'origine à l'hébergement de populations démunies, est devenue aujourd'hui l'un des El Dorado des parisiens en quête d'atmosphère villageoise. En 1850, la vallée de la Bièvre est presque vierge de constructions. Petits corps de ferme, baraques de planches à l'entrée des carrières de glaise et de pierre, campement de chiffonniers sur les pentes abruptes du ravin de la rivière forment bien moins qu'un tissu urbain.

En 1860, cette partie de Gentilly est annexée à la ville de Paris, c'est le début progressif de l'urbanisation avec notamment le pavage des rues. Enclavée entre la Bièvre et le boulevard d'Italie (Auguste-Blanqui), la Butte aux Cailles se construit de maisons modestes, les sous-sols percés par les carrières et plus ou moins bien comblés ne permettant pas de hautes constructions. 








Entre 1900 et 1910, la rivière, devenue une sorte d'égout à ciel ouvert, du fait des activités de tannerie et autre blanchisserie, disparaît à l'occasion d'un vaste chantier d'enfouissement. Son lit est remblayé et d'importants travaux permettent le nivellement des terrains.

La population y est des plus modestes. Jusqu'en 1910, la gestion des logements sociaux est laissée à l'initiative de sociétés privés qui ne soucient peu de la salubrité et de l'hygiène. A partir de 1911, prenant conscience des problèmes de santé publique, la Ville de Paris réserve des terrains afin de réaliser lotissements pavillonnaires situés en bordure de rue ou en impasse avec des jardinets et immeubles collectifs. En 1914 est fondé l'Office Public des HBM de la Ville de Paris. Le conflit mondial suspend cette politique sociale. Les projets se réaliseront essentiellement à partir de 1920.








De nos jours, les petites maisons et leurs dédales de ruelles charmantes ont survécu aux grandes transformations du XIIIème. Elles sont avidement recherché par les citadins qui y retrouvent la quiétude d'une atmosphère de village. Singulière destinée pour ces habitations à bon marché devenues grand luxe du parisien.       

Villa Daviel
Accès 7 rue Daviel - Paris 13
Métro Corvisart ligne 6 / Glacière ligne 6



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 

Bibliographie
Traversées de Paris - Alain Rustenholz - Parigramme
Paris secret et insolite - Rodolphe Trouilleux - Parigramme
Le guide du promeneur de Paris 13è - Gilles-Antoine Langlois - Parigramme

Sites référents


Crédit Caroline Hauer