Paris : Eglise orthodoxe Saint Séraphin de Sarov, un confetti russe au coeur de la ville - XVème



La rue Lecourbe, l'une des plus anciennes voies de Paris qui menait à Meudon et Sèvres, a conservé malgré ses allures très urbaines un esprit de village. Les petits commerces de proximité y fleurissent. Maraîchers, volaillers, crémiers lui confèrent une aimable animation de marché constante. Au numéro du 91, la façade d'un immeuble du XIXème siècle assez commun préserve des regards quelques secrets bien gardés. Au delà de la porte cochère, deux jolies cours intérieures bordées de maisonnettes nous transportent hors du temps. Tout au bout du chemin, la deuxième d'entre elle s'ouvre derrière une grille sur un jardin fleuri planté de bouleaux. Un pavillon ancien fait face à une surprenante construction au bardage de cèdre rouge surmontée de deux bulbes bleus. Cette isba russe, pour le moins dépaysante, est une minuscule chapelle de rite orthodoxe, l'église Saint-Séraphin-de-Sarov.














Consacrée en hommage à Saint Séraphin de Sarov, saint très populaire en Russie, canonisé en 1903, cette église est placée sous le patriarcat de Constantinople. Bâtie en 1974, sur l'emplacement d'une chapelle plus petite datant de 1933, elle accueille une importante communauté russe présente dans le XVème arrondissement. Il s'agit des descendants des Russes blancs fidèles au tsar Nicolas II ayant trouvé refuge en France à la suite de la révolution bolchévique. Durant l'entre-deux-guerres, ils sont nombreux à travailler dans les usines Renault et Citroën à proximité. L'habitat est alors bon marché dans le XVème. Des ensembles de pavillons ouvriers accueillent cette population. Il se forme à Paris une véritable guilde des taxis russes. En 1912, est construite pour le compte d'une compagnie de taxis, une cité ouvrière au dessus des garages où sont remisés les véhicules. Il s'agit de la Petite Russie située au 22 rue Barrault, aujourd'hui devenue une résidence privée très prisée. On y célèbre alors chaque année la "fête du chauffeur russe".













En 1933, sous la direction de l'archiprêtre Dimitri Troïtski est la paroisse s'organise pour accueillir les nouveaux croyants russes de cette communauté. Il est décidé de la doté d'une nouvelle église. Dans la cour d'un foyer d'étudiants rattaché au Comité d'aide aux étudiants russes, une sorte de hangar entouré d'un jardin est transformé en lieu de culte grâce à l'aide des paroissiens enthousiastes. Les deux grands érables qui s'élèvent déjà dans cette construction vétuste et passent à travers le toit sont préservés. L'un se situe dans la partie prévue pour le sanctuaire et l'autre à l'intérieur de la partie centrale de l'église près du mur. Vous trouverez tout le récit de cette aventure, raconté en 1941 par M Lioubimov, ancien premier marguillier, sur le site de l'église Saint-Séraphin-de-Sarov ici






En 1970, la paroisse fusionne avec celle de la Protection de la Mère de Dieu. La petite église au fond du jardin devenue trop étroite pour le nombre des fidèles est reconstruite en 1974. Les troncs d'arbre sont conservés dans son enceinte. Par respect pour cette communauté, elle ne se visite que lors des journées du Patrimoine ou de la Fête des Jardins. 

Eglise orthodoxe Saint-Séraphin-de-Sarov
91 rue Lecourbe - Paris 15

Bibliographie
Curiosités de Paris - Dominique Lesbros - Parigramme
Paris secret et insolite - Rodolphe Trouilleux - Parigramme
Le guide du promeneur 15è arrondissement - Florence Claval - Parigramme

Sites référents