Expo : Rétrospective Gerhard Richter, Panorama - Centre Pompidou - Jusqu’au 24 septembre 2012

Exposition Gerhard Richter au Centre Pompidou

Après la Tate Modern (Londres) et la Neue National galerie (Berlin), c’est au tour du Centre Pompidou d’accueillir la rétrospective Panorama consacrée à l’artiste allemand Gerhard Richter célébrant par la même occasion son quatre-vingtième anniversaire. L’exposition retrace depuis les années 60, la carrière d’une figure emblématique de l’art contemporain, peintre au style éclectique et inspiré. Classées par ordre chronologique et thèmes, les quelques 150 œuvres accrochées aux cimaises font l’objet d’une scénographie originale. Au centre de l’exposition, une salle triangulaire s’ouvre sur neuf autres. Sorte de promontoire, la salle originelle l’est aussi historiquement puisque c’est dans celle-ci que sont exposés les monochromes gris et les panneaux de verre qui firent l’inauguration de Beaubourg en 1977.


Haggadah - 2006 - Gerhard Richter
4 panneaux de verre - 1966 - Gerhard Richter - Panorama à la Tate Modern 
Tante Marianne - 1965 - Gerhard Richter

Gerhard Richter posant devant 1025 Couleurs - 1025 Farben - 1973
Chinon n°645 -  1987 - Gerhard Richter
Schädel mit Kerze - Crâne et bougie - 1983 - Gerhard Richter


Dans les années 60, Gerhard Richter explore ce qui deviendra l’une de ses marques de fabrique les plus fortes, la photo peinture. Il utilise des photos de presse datant de la seconde guerre mondiale, ses propres clichés ou encore ceux d’amateurs et retrace sur la toile l’histoire de sa famille mais également la grande Histoire. Le photoréalisme gris et flou est comme un pied de nez au pop art américain. Ema,  Nu  sur  un  escalier – 1966 est une réponse directe à Marcel Duchamp qui avec son Nu  descendant  un  escalier  célébrait la fin de l’art pictural. Richter est convaincu qu’il reste des champs d’expression à explorer pour la peinture qui est loin d’être un art obsolète.

Plus tard, il entreprend une série d’œuvres abstraites, des tableaux en émail brillant, mosaïque de couleurs saturant la rétine jusqu’à l’illusion d’optique (1025  Farben  1975). Parallèlement comme cherchant à visiter tous les extrêmes, il peint d’austères monochromes gris. Fasciné par les volumes et les formes que la nature produit, il réalise des Triptyques de nuages -1970- des mers inversées, toiles à l’atmosphère brumeuse révélant une certaine mélancolie.

Le peintre se plonge dans un travail de portraits et paysages (France, Chinon - 1987) qui évoquent un certain académisme. Il peint des natures mortes, revisitant des compositions familières, notamment la série des Vanités dont Les  Trois  Bougies  en 1982 qui feront sensation lors d’une vente chez Sotheby’s en 2001. Il poursuit ses oeuvres abstraites colorées mais se penche également sur des sujets d’actualité comme les portraits très noirs, très morbides de la bande à Baader, terroristes s’étant suicidés en prison - 1988.


Abstraktes Bild - Panorama - Gehrard Richter

Betty 1977 Gerhard Richter
Abstrakt Bilder - Panorama - Gehrard Richter
Lectrice - Lesende - Portrait de Sabine Moritz - 1994 - Gerhard Richter

Gerhard Richter envisage de nouveaux formats pour ses toiles abstraites aux dimensions impressionnantes qu’il nomme toutes Abstrakt  Bilder. Il est dans l’invention d’une technique picturale, pousse l’interrogation sur la matière, peint à la raclette, à l’éponge, il est dans l’action, la démesure. Nicolas de Staël ou à Jackson Pollock et le nouvel expressionnisme viennent à l'esprit.

Richter déchire la toile à la spatule, abîme la trame et fait de ses tableaux des créations tridimensionnelles. Il poursuit son travail de photo-peinture avec des portraits de sa fille et de sa femme Sabine Moritz dont Die  Lesende - 1994 - inspiré d’un tableau de Vermeer La  Liseuse  à  la  fenêtre, et pousse le jeu des hommages jusqu’à donner sa version de toiles classiques de la Renaissance telles l’Annonciation  à  la  Vierge  d’après Titien.


Glenn - 1983 - Gerhard Richter
Gerhard Richter devant sa toile September - 2005
Strip - 2011

Le début des années 2000 est marqué par les attentats du 11 septembre et l’œuvre de Gerhard Richter se fait une fois de plus écho de l’Histoire quand il réalise September  en 2005, toile représentant les tours jumelles du World Trade Center. Dans une série particulière, il photographie les détails révélant la matière de ses peintures abstraites, carrés qu’il retravaille soit en les colorant soit en les grisant et qu’il assemble accompagné d’extraits de textes. Dans une autre, il reprend le concept des installations de panneaux de verre qu'il avait entamé dans les années 60, complétée par des jeux de miroir. Enfin, dans ses dernières créations, il s’intéresse aux nouvelles technologies et réalise des tableaux abstraits digitalisés à partir de strips numériques.

A chaque période de sa vie artistique, Gerhard Richter cherche la confrontation avec l’histoire de l’art soit sous la forme de provocation soit sous la forme d’hommage. Cette rétrospective de son œuvre met en lumière le rapport étroit de son mode de créativité avec le présent, avec les événements politiques qui touchent l'humanité tout entière. Dans les tableaux représentant la vie quotidienne, il dévoile une part de sa vie de famille, images immédiatement accessibles.

Pour Richter, la peinture est un mode de communication direct avec le public, une tentative de dialogue entre l’artiste et le visiteur dont il attend les réponses qu’il se refuse à donner. N’étant pas certaine d’avoir compris grand-chose à l'œuvre de Gerhard Richter, je lui laisse le mot de la fin : « Je n’obéis à aucune intention, à aucun système, à aucune tendance ; je n’ai ni programme, ni style, ni prétention. J’aime l’incertitude, l’infini et l’insécurité permanente ».

Gerhard Richter - Panorama
Jusqu’au 24 septembre 2012

Centre Pompidou
Place Georges Pompidou – Paris 4
Tél : 01 44 78 12 33
Horaires : ouvert tous les jours de 11h à 22h sauf le mardi

Affiche de l'exposition Panorama au Centre Pompidou