Paris : Musée d'art moderne de Paris, institution culturelle municipale d'envergure, remarquables collections modernes et contemporaines - XVIème

 

Le Musée d'art moderne de la Ville de Paris, acteur majeur de la scène culturelle, est l'un des quatorze musées municipaux gérés depuis le 1er janvier 2013 par Paris Musées. Inauguré le 6 juillet 1961, dans l'aile Est du Palais de Tokyo, édifice conçu à l'occasion de l'Exposition internationale des arts et techniques de 1937, l'institution brille par la qualité exceptionnelle de ses collections permanentes et l'envergure internationale des expositions temporaires.

Au 15 novembre 2014, le fonds municipal, représentatif des différents courants artistiques des XXème et XXIème siècles, comprend 10013 œuvres de 2149 artistes, parmi lesquelles 1766 peintures, 1 057 sculptures et œuvres tridimensionnelles, 1856 dessins, 1757 estampes ou 3021 photographies. Au 31 décembre 2018, les collections se composent de 15 041 œuvres et artefacts, tableaux, sculptures, photographies, installations, mobiliers et arts décoratifs. 

Le parcours muséal s'inscrit dans un cadre chronologique. Il propose deux modules, témoins des courants artistiques successifs. Le premier éclaire les collections d'art moderne, depuis le fauvisme en 1905. Elles se concentrent autour des mouvement artistiques initiés à Paris. Le corpus originel réunit des créations de Pablo Picasso, Henri Matisse, Raoul Dufy, Georges Braque, Amedeo Modigliani, André Derain et Alberto Giacometti. Le second fil rouge, autour du fonds contemporain, à partir des années 1960, illustre l'ouverture sur la scène artistique européenne avec des courants tels que le Nouveau réalisme, la Figuration narrative, le cinétisme, l'Arte povera, Supports/Surfaces, BMPT, les artistes allemands et la jeune scène française. L'accès aux collections permanentes est gratuit. 







Le Palais de Tokyo, caractéristique de l'architecture Art déco des années 1930, voit le jour à la suite des aménagements de la colline de Chaillot dans le contexte de l'Exposition universelle de 1937. Sur les terrains libérés par la démolition de la Manufacture de la Savonnerie, première manufacture royale de tapis, en activité sur son site parisien de 1625 à 1826. Cent-dix-huit dossiers parmi lesquels des projets signés Le Corbusier, Robert Mallet-Stevens répondent à l'annonce du concours lancé en 1934. Le lauréat, plus modeste, sera celui développé par les architectes Jean-Claude Dondel, André Aubert, Paul Viard et Marcel Dastugue. 

L'entreprise menée conjointement par l'État et la Ville doit permettre la création de deux musées dédiés à l'art moderne. Dans l'aile Ouest, le Musée national d'art moderne est inauguré en 1947 puis transféré au sein du Centre Georges Pompidou en 1977. Le Musée d'art moderne de Paris ne reprend son cours qu'en 1953. L'institution n'intègre l'aile Est du Palais de Tokyo qu'en 1961, après six années de travaux. 

De 1954 à 1976, le musée accueille de nombreux salons, Salon de la jeune peinture, Salon de Mai, Salon des réalités nouvelles, Biennale de Paris. Les réaménagements successifs font cesser cette activité. Le Musée d'art moderne de la Ville de Paris est rénové de 1971-72 sous la direction de Pierre Faucheux et Michel Jausserand. Entre 1991 et 1994, l’architecte Jean-François Bodin intervient dans la modernisation et la réorganisation des espaces. À la suite de l'acquisition en 1993, de "La Danse inachevée" (1931) d'Henri Matisse, l'idée d'une mise en regard avec "La Danse de Paris" (1931-1933), oeuvre phare des collections municipales depuis 1937, s'impose. Une salle spécifique susceptible d'accueillir les deux triptyques est créée. 

En 2000, la mairie de Paris confie une série de travaux liés à la sécurité à l'atelier d’architecture Canal - Patrick Rubin et Annie Le Bot. Notamment en 2002, le désamiantage de la salle dédiée à "La Fée électrique". L’architecte Jean-François Bodin prend en charge le réaménagement du parcours des collections permanentes et la réouverture d'espaces au sous-sol propices à la diffusion de vidéos, ainsi que la reconfiguration de la salle Boltanski. Entre 2018 et 2019, une nouvelle rénovation menée par l’agence h2o architectes - Charlotte Hubert, Jean-Jacques Hubert et Antoine Santiard associés - modernise l'institution en collaboration avec l'agence Chiara Alessio pour la révision de l'accessibilité, et le Studio GGSV en charge du design mobilier.







Les collections du Musée d'art moderne de la Ville de Paris ont été constituées au gré des acquisitions de la Ville doivent beaucoup aux donations, aux legs collectionneurs privés ou des artistes. Lors de l'exposition de 1937, la Ville investit un budget important pour réunir "La Danse de Paris" d'Henri Matisse, "L’art et la technique" de Gaston Suisse, "Nu dans le bain" et "Le Jardin" de Pierre Bonnard, "L'Équipe de Cardiff" de Robert Delaunay, "La Rivière" d'André Derain, "Les Disques" de Fernand Léger, "L'Escale" d'André Lhote, "L'Oiseau bleu" de Jean Metzinger, quatre "Portraits d'artistes" d'Édouard Vuillard, des meubles de Pierre Chareau, André Arbus, Jacques-Émile Ruhlmann, les décorations monumentales de Robert et Sonia Delaunay, Albert Gleizes et Jacques Villon. En 1939, le don du Salon des réalités nouvelles vient compléter ce corpus.

Un legs patrimonial, accepté par la municipalité en 1953, va changer la donne. Le docteur Maurice Girardin (1884-1951) lègue, à la Ville de Paris, sa collection constituée principalement autour du fauvisme et du cubisme. Elle comporte plus de 500 oeuvres, parmi lesquelles des tableaux, d'André Derain, Henri Matisse, Maurice de Vlaminck, André Lhote, Georges Braque, mais également de Georges Rouault, Marcel Gromaire, Maurice Utrillo, Raoul Dufy ou encore Bernard Buffet. En 1954, elle fait l'objet d'une exposition au Petit Palais. Ce dernier ainsi que son annexe, le Musée du Luxembourg où sont présentées les collections d'art moderne, se révèlent désormais trop exigus pour présenter l'ensemble des fonds municipaux. L'importance du corpus légué par Maurice Girardin favorise la progression d'un projet suspendu, l'aménagement de l'aile Est du Palais de Tokyo afin d'accueillir le Musée municipal d'art moderne.

En 1954, Électricité de France fait don à la Ville de Paris de "La Fée électricité", oeuvre monumentale, vaste de 600m2, réalisée pour le Pavillon de l’électricité et de la lumière dans le cadre de l’Exposition universelle de 1937. Les 250 panneaux rejoignent, au sien du MAM, un espace dédié, l'ancienne "salle d'honneur", disposée en fer à cheval, qui fait l'objet d'une inauguration officielle le 4 juin 1964. 

Les donations de collectionneurs privés enrichissent au fil des ans les collections et définissent les grandes lignes du corpus municipal : donation comte Emanuele Sarmiento 62 oeuvres en 1936, Ambroise Vollard, 36 oeuvres en 1931, 1933, 1937, Mathilde Amos en 1955, 124 oeuvres, les trois donations Henry Thomas en 1976, 1984 et 1986, 136 oeuvres, Berthe Reysz en 1975, 48 oeuvres de Raoul Dufy. 







Depuis 2007, depuis plus de 800 nouvelles oeuvres ont rejoint les collections, grâce aux donation L'Oréal, 15 oeuvres d'Étienne Martin en 2008, Piotr Gaudibert, 50 oeuvres en 2015 ainsi qu'à la générosité des artistes ou de leur famille, legs De Chirico et Suzanne Duchamp-Crotti, donations Brauner, Leroy, Tomilina-Larionov, Buffet, Jean Dewasne, Karel Appel, Judit Reigl, Anna-Eva Bergman, Zao Wou-Ki.

La donation Michael Werner, en 2012, composée de 136 oeuvres dont 127 tableaux, enrichit les collections du musée de nombreuses oeuvres de Jörg Immendorff, A. R. Penck, Markus Lüpertz, Antonius Höckelmann, en complément des œuvres de Willi Baumeister, Hans Hartung, Konrad Klapheck, Gerhard Richter, Georg Baselitz, Sigmar Polke, Wolf Vostell, Andreas Gursky, Thomas Schütte, Jan Voss, Thomas Ruff, Gisèle Freund, Rosemarie Trockel, Gloria Friedmann, Albert Oehlen. Elle finance également l'acquisition de pièces de Wilhelm Lehmbruck, Otto Freundlich, Per Kirkeby ou Marcel Broodthaers. Cette donation fait du fonds permanent du Musée d'art moderne de la Ville de Paris, la principale collection française d'art contemporain allemand, avec celle du Musée national d'Art moderne Georges Pompidou.

Les artistes, objets d'expositions monographiques, manifestent leur attachement à l'institution par des donations, à l'instar de Simon Hantaï, Jacques Monory, Pierre Soulages, Aurélie Nemours, Erró, Peter Fischli et David Weiss, Robert Motherwell, Keith Haring, Georg Baselitz, Bertrand Lavier, Marc Desgrandchamps, Niele Toroni, Luis Tomasello, Peng Wan-Ts, Bernard Piffaretti, Zeng Fanzhi.

La Société des amis du musée est fondée en 1975 par Henriette Joël, avec le soutien de Gottfried Honegger, François Morellet et Otto Hahn. Les dons réunis auprès de ses membres lors d'évènements prestigieux permettent l'entrée de pièces signées Pierre Tal Coat, François Morellet, Albert Oehlen, Peter Doig, Georges Noël, Francis Picabia, Malick Sidibé, Christian Boltanski, Michel Blazy, Philippe Parreno, Philippe Decrauzat, Hubert Duprat.

La politique d'acquisition du musée fait entrer des oeuvres d'Anton Räderscheidt, Peter Stämpfli, Gérard Fromanger, Martin Barré, Yan Pei-Ming, Anita Molinero, Gilles Barbier, Alain Séchas. En 2014, grâce au mécénat, "Composition", (1911) d’Otto Freundlich (1978-1943), œuvre reconnue d’intérêt patrimonial majeur, intègre les collections du musée.

En 2010, le vol de cinq tableaux, "Le pigeon aux petits pois" de Pablo Picasso, "La pastorale" d'Henri Matisse, "L'olivier près de l'Estaque" de Georges Braque, "La femme à l'éventail" de Amadeo Modigliani et "Nature morte aux chandeliers" de Fernand Léger, fait la une de la presse. La remise en question du système de sécurité des musées de la Ville.

Musée d'art moderne de Paris
11 avenue du président Wilson - Paris 16
Tél : +33 1 53 67 40 00
Horaires : Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h (fermeture des caisses à 17h15) - Nocturne les jeudis jusqu'à 21h30 uniquement pour les expositions temporaires. Fermeture le lundi et le 1er janvier, 1er mai et 25 décembre. Fermeture exceptionnelle à 17h les 24 et 31 décembre.
Métro Alma Marceau ligne 9 / Iéna ligne 9

Liste des artistes présents dans les collections : Pablo Picasso, Georges Braque, Henri Matisse, Emile Othon Friesz, Wilhelm Lehmbruck, Willi Baumeister, Maurice de Vlaminck, Georges Rouault, Léon Lehmann, Raoul Dufy, Marie Laurencin, Pierre Bonnard, Édouard Vuillard, Albert Marquet, Henri Laurens, Chaim Jacob Lipchitz, Jean Metzinger, Albert Gleizes, André Lhote, Juan Gris, Alexander Archipenko, Ossip Zadkine, Marcel Duchamp, Francis Picabia, František Kupka, Robert Delaunay, Sonia Delaunay, Fernand Léger, Jean Hélion, Auguste Herbin, Joaquín Torres García, Nathalie Gontcharova, Maria Blanchard, Luigi Russolo, Amedeo Modigliani, Giorgio De Chirico, Alberto Magnelli, Gino Severini, Kees van Dongen, Bart van der Leck, Jean Arp, Sophie Taeuber-Arp, Maurice Utrillo, Suzanne Valadon, André Derain, Moïse Kisling, Marcel Gromaire, Marc Chagall, Chaïm Soutine, Léonard Foujita, Alexander Calder, Alberto Giacometti, Jean Crotti, Man Ray, Max Ernst, André Masson, Victor Brauner, Hans Bellmer, Roberto Matta, Wifredo Lam, Jean Fautrier, Jean Dubuffet, Francis Gruber, Bernard Buffet, André Fougeron, Pierre Tal Coat, Pierre Soulages, Nicolas de Staël, Gérard Schneider, Serge Poliakoff, Geer Van Velde, Zao Wou-Ki, Chu Teh-Chun, Pierre Alechinsky, Henri Michaux, Étienne-Martin, Antoni Tàpies, Lucio Fontana, Karel Appel, Yves Klein, Arman, Martial Raysse, Daniel Spoerri, Raymond Hains, Jean Tinguely, Christo, Alain Jacquet, Victor Vasarely, François Morellet, Carlos Cruz-Diez, Bridget Riley, Daniel Buren, Olivier Mosset, Michel Parmentier, Niele Toroni, Louis Cane, Claude Viallat, Annette Messager, Nam June Paik, Robert Filliou, Ben Vautier, Wolf Vostell, Mario Merz, Giuseppe Penone, Luciano Fabro, Simon Hantaï, Gaston Chaissac, Eugène Leroy, Hervé Télémaque, Eduardo Arroyo, Bernard Rancillac, Jacques Monory, Henri Cueco, Gilles Aillaud, Hervé Di Rosa, Christian Boltanski, Bertrand Lavier, Bernard Frize, Jean-Michel Othoniel, Clarisse Lévy-Kinsbourg.