Nos Adresses : Valentin, dépaysement complet pour un bistrot de quartier - Paris 19



Depuis près de vingt ans rue Rébeval, une adresse discrète fait mentir ses allures modestes. Pris d'assaut par les habitués et les riverains, Valentin, bistrot parigot qui verse dans la fusion rocambolesque, fait salle comble tous les jours. Restaurant fondé par un argentin, le fameux Valentin qui devait certainement s'appeler Valentino si vous voulez mon avis, puis repris par Michel, né à Paris mais originaire de Saint-Flour en Auvergne, cuisinières thaïlandaises aux fourneaux, les trois cultures culinaires se retrouvent dans une carte hybride, ode à la diversité et aux voyages. Les grillades de bœuf argentin y côtoient dans la bonne humeur, poulet au cacao mexicain, salades thaï, plats du terroir français tels que tripoux et cou de canard, coquetteries italiennes comme le provolone al horno, métissage improbable entre l'Amérique du sud, l'Asie et l'Europe.








La devanture de bistrot classique ne laisse rien présager du dépaysement des assiettes. Chez Valentin, l'accueil est très bonne franquette. L'ambiance de quartier aimable que fait régner un patron des plus sympathiques donne tout de suite l'impression d'être comme à la maison. Le décor façon belle province endormie des années 60 séduira tous les amateurs de second degré. 

Tables de bistrot en bois sombre, banquettes de moleskine rouge, gros buffet rustique, luminaires cramoisis, la salle a une drôle de touche qui n'est pas pour déplaire. Au mur les miroirs jouent avec une collection d'invraisemblables bibelots et autres ustensiles de cuisine ornementaux qui côtoient des portraits de rockers. Dans son jus totalement aléatoire et donc jubilatoire.








La cuisine simple et généreuse, expérimentale parfois, mais toujours de bonne volonté surprend un peu, pour notre plus grand plaisir. La spécialité de la maison, le bœuf argentin, assure le show fidèle à sa réputation d'excellence. J'attaque par une entrée auvergnate, avec des Lentilles du Puy-en-Velay en salade - 7 euros - bien assaisonnées, d'une belle évidence tandis que l'andouille de pays - 9 euros- fait le job.  

En plat, j'embarque pour l'Amérique Latine avec les Costillitas de cerdo con chimichurri - 15 euros -, travers de porc grillés relevé par une sorte de pesto vinaigré au persil et aux épices - un poil trop vinaigré d'ailleurs - typiquement argentin. La viande divinement cuite est moelleuse, l'assiette affable et plantureuse. Le Tripoux d'Auvergne, pansette d'agneau farcie de veau et de porc -15 euro- classique du terroir français, agréablement parfumé se montre bienveillant, tourné sans fioritures.





Mon dessert s'envole aux Caraïbes avec un Clafouti créole pomme banane, flambé au rhum -7 euro- un chouilla trop aqueux tandis que les pruneaux au vin -7 euro- ne demandent pas plus d'explication, droits dans leurs bottes.

Cette petite adresse de quartier séduit des visiteurs du monde entier et il n'est pas rare d'y entendre parler multitudes de langues. Cuisine sans prétention et légèrement barrée, la générosité des plats égale la chaleur du personnel. On se sent bien chez Valentin. J'y retourne demain pour un steak argentin !

Valentin
64 rue Rébeval - Paris 19
Tél : 01 42 08 12 34
Horaires : Déjeuner, du lundi au vendredi de 12h à 14h30 - Dîner du lundi au samedi de 19h à 23h



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.