Paris : Fontaine du Conservatoire municipal Jacques Ibert, l'une des dernières réalisations de l'architecte Fernand Pouillon - XIXème




Fondé en 1957, le Conservatoire municipal Jacques Ibert, dispensant des formations musicales, chorégraphiques et théâtrales, prend possession des locaux au 81 rue Armand Carrel en 1987 et le nom du compositeur en 1988. Cette étonnante et majestueuse construction est le premier bâtiment réalisé en France par l’architecte Fernand Pouillon (1912-1986) à son retour de quinze années passées en Algérie où il s’était exilé ne pouvant plus exercer en France à la suite du scandale de malversation du Comptoir National du Logement. La silhouette singulière du Conservatoire est marquée par une façade latérale à pan coupé faisant l’angle entre les rues Armand Carrel et Bouret. Dans une niche creusée en hémisphère s’élève une imposante fontaine sorte de pastiche néoclassique. L’eau s’écoule depuis le sommet de trois colonnes doriques cannelées enchâssées, de diamètres croissants et ruisselle dans un bassin pour rejaillir par une bouche ornée dans un second bassin et déborde jusque dans un troisième.












La fontaine imaginée par Fernand Pouillon rend hommage à l’architecte Claude-Nicolas Ledoux (1736-1806) l’un des fondateurs du style néoclassique. La plupart de réalisations de celui-ci ont été détruites au XIXème siècle. La fontaine reprend l’un des motifs décoratifs de la Saline Royale d’Arc-et-Senans en Franche-Comté, considérée comme son chef-d’œuvre et construite entre 1774 et 1779 après approbation des plans par Louis XV et l’intendant des finances Daniel-Charles Trudaine.

L’œuvre de Fernand Pouillon, grand admirateur d’Auguste Perret (1874-1954) l’un des premiers techniciens spécialistes du béton armé, est marquée par la volonté d’intégration de la réalisation dans le site où elle est érigée. L’esthétique de ses créations tient à l’équilibre des masses, les proportions harmoniques rigoureuses alliée à la noblesse des matériaux utilisés y compris pour les logements sociaux ainsi qu’à la collaboration de sculpteurs, céramistes, paysagistes. A travers les formes et la structure de la fontaine qui nous intéresse aujourd’hui, se retrouvent son goût de la ligne pure, le sens du détail et l’héritage des grands maîtres.

Fontaine du Conservatoire Municipal Jacques Ibert
81 rue Armand Carrel - Paris 19

Bibliographie :
Paris de fontaine en fontaine - Jacques Barozzi - Editions Parigramme
Les fontaines de Paris : l’eau pour le plaisir - Marie-Hélène Levadé et Hughes Marcouyau - Editions Chapitre douze

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structurae.info