Cinéma : Palo Alto, de Gia Coppola



Teddy (Jack Kilmer, fils de Val) lycéen à la sensibilité artistique, lunaire et timide est secrètement amoureux d’April (Emma Roberts, nièce de Julia) sérieuse jeune fille mélancolique. Mais alors qu’il subit la mauvaise influence de son meilleur ami Fred (Nat Wolff), un ado perturbé au comportement autodestructeur, il doit faire face aux répercutions de son inconséquence. Fred se lie avec Emily (Zoe Levin), gamine mal dans sa peau qui tente de gagner l’affection des garçons à travers une sexualité exacerbée.  April se laisse séduire et manipulée par son prof de gym, Mr B (James Franco) un trentenaire qui entretient des relations inappropriées avec ses élèves du club de foot féminin. Parents aux abonnés absents, fêtes alcoolisées, drogues, aventures sans lendemain, les quatre protagonistes traînent leur mal-être constant entre apathie, rébellion et décisions impulsives malheureuses.







Gia Coppola dresse le portrait d’une jeunesse californienne favorisée qui pourtant n’échappe pas aux pulsions morbides de l’adolescence. A travers son premier film, la petite-fille de Francis, nièce de Sofia et Roman, photographe de formation, rend hommage aux teen-movies sur le mode cinéma indépendant, Larry Clark, Gus Van Sant en moins trash. Hyper stylisé, Palo Alto, adaptation d’un recueil de nouvelles écrites par James Franco, est une œuvre tout en atmosphère dont les scènes d’ambiance saisissent avec grâce l’inertie et les dérives de cet âge incertain. Errance sans but, comportements à risque, confusion des sentiments, la cinéaste explore les affres de l’adolescence avec un sens du détail psychologique mais également visuel qui souligne la vulnérabilité de ses personnages.





Evocation poignante et mélancolique, sans forcer le trait, Gia Coppola a choisi la retenue et la sobriété malgré certaines scènes au lyrisme poétique, scènes éthérées dont la photographie n’est pas sans rappeler Virgin Suicides. Le film joue sur les ruptures de narration révélant parfois un manque de cohésion dans son architecture. Palo Alto est un film doux-amer recelant une certaine noirceur. La violence et la crudité plus suggérées que montrées laissent une constante impression de désastre intime, une angoisse qui se transmet grâce à la profonde empathie que la réalisatrice ressent envers ces adolescents et qu’elle parvient à nous transmettre. Onirisme sombre, grâce désespérée, Gia Copola livre une fascinante première œuvre pleine de promesses, au rythme d’une bande son pop de qualité.

Palo Alto de Gia Coppola en salle le 11 juin
Emma Roberts, Jack Kilmer, Natt Wolff, Zoe Levin, James Franco