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Choderlos de Laclos par Joseph Ducreux |
Amoureux des belles lettres bonsoir !
Le
jury du challenge de l'atelier d'écriture créative s'est réuni vendredi
dernier. Nous tenons une fois de plus à remercier tous les participants dont l'enthousiasme et les
plumes aussi variées que remarquables nous ont fait vibrer. Visiblement beaucoup d'entre vous sont déjà partis en vacances et les contributions furent peu nombreuses mais néanmoins d'une qualité rare. Les quatre membres du jury ayant chacun leur chouchou et donc ayant été dans l'incapacité de choisir trois textes parmi les quatre et afin d'éviter le déclenchement d'une guerre littéraire digne de la querelle des anciens et des modernes nous avons décidé de vous remettre la délicate mission du choix en propulsant au rang de finaliste les quatre glorieux participants de cette édition un peu particulière. Lecteurs à vous de jouer en votant pour
votre favori.
1/ Vanessa Lepka de la boutique Les évanescentes
créations : http://www.bijoux-romantiques-poetiques-baroques.com/
Hier encore nous nous
aimions, hier encore nous dansions. Dans ma robe à sequin, j’étais la plus
belle. Des paillettes sur ma peau, de la sueur sur la tienne, nos deux
corps pleins de vie s’enivraient de fox trot et de charleston. Dans ce salon
nous étions les amants amoureux et j’aimais ça.
Mais ce matin, un
mot. Une lettre. Des phrases de toi lâchées sur du papier et
déposées sur l’oreiller : « Je ne peu plus continuer. C’est fini. »
Ces mots courts je les
attendais depuis longtemps. Ce ne fut pas une surprise juste un choc. Un
brutal retour à la réalité. Une sentence presqu’inévitable et que toutes les
danses du monde ne pouvaient esquiver.
Aujourd’hui nous devions
aller voir « journal d’une fille perdue » , un film pas drôle, pas
gai. L’histoire d’une fille brisée par les hommes même par ceux qui l’aiment.
Mais ce matin c’est moi qui
suis brisée.
J’ai sangloté, crié, hurlé.
Je t’ai maudit. Jai frappé et cogné jusqu’à me faire saigner les mains et
me casser deux doigts. J’ai regardé mon sang couler. J’ai regardé mon cœur se
briser.
Maintenant J’écris. J’écris
avec mes doigts cassés. J’écris car tu n’es pas là, plus là. Un « plus là »
qui ne sera pas temporaire. Un « plus là » qui sonne le glas de
notre histoire, de nos baisers, de nos étreintes, de nos fous rires.
Je déteste ton coup de
sabre dans notre histoire, tes mots tranchants et secs, ta façon de disparaitre
pour toujours. Je t’en veux de me laisser là, errante au milieu de nos
souvenirs, de m’abandonner à la vie et de quitter la mienne.
Tu es de ces hommes qui ne
se retournent pas. Une fois le seuil franchi, la porte close, le passé
disparait. Cet au revoir, ces mots crachés sur le papier est le dernier signe
que j’aurai de toi.
Je t’en veux. Tu m’as
hurlé ton amour, ton si grand amour, cet amour incroyable, sans bornes, sans
limites, irréel presque magique. Tu m’as crié tes mots d’amours, ta passion,
ton envie, tes désirs afin que j’y crois et te fasse confiance. T as juré,
promis et pourtant un an après, tout est fini.
Aujourd’hui ton amour
semble n’avoir été qu’une flamme capricieuse, un de ces feux follets des marais
qui ne durent qu’un instant. Tu m’as promis une flamme éternelle et
puissante, tu t’es vanté mais aujourd’hui à bout de souffle tu t’enfuis.
Tu en as eu marre
d’attendre, de m’attendre. Mes baisers et mon amour n’ont pas réussi à te
garder au près de moi plus longtemps et je n’ai pas réussi à briser mes
chaînes à temps pour te rejoindre et vivre notre amour au grand jour. Cette
clandestinité, nos rencontres éphémères ont eu raison de nous. Je sais que tu
ne supportais plus ces lieux de débauches pour nos rendez vous et que tu
t’étais lassé de ces speakeasies malfamés et que même le Chumley’s à Greenwich
village avait perdu de son charme à tes yeux.
Tu me voulais pour femme.
Tu me voulais pour toi seul. Tu voulais une bague à mon doigt et des enfants
qui serraient les tiens.
Tu ne voulais plus me
partager. Tu ne voulais plus qu’un autre homme partage mon lit le soir et
m’entretienne.
Tu voulais que les
vêtements que je porte soient ceux que tu m’avais offert, que les bijoux à mon
cou soient tes cadeaux, que mes bas tombent pour toi seul.
Et tout ça je le voulais
aussi.
Ton mot glacial de ce matin
à mis fin à tous mes espoirs et pour moi il n’y aura pas de fin heureuse.
Sur l’oreiller ou allongé
dans l’herbe tu m’as fait de nombreuses confidences et maintenant je te
connais. Je sais que tu vas quitter la ville ; que tu n’as pas le choix
comme tu aimes à répéter et qu’i l t’es impossible d’agir autrement. A New York
tout te rappellera notre histoire, notre amour, nos caresses, mon parfum, ma
voix … Fuir sera donc ta solution. M’oublier ton salut.
Peut-être qu’à
l’heure où je t’écris tu as déjà embarqué à bord du Transatlantique en route
pour la France, ce pays qui nous a tant fait fantasmer et où nous rêvions
de nous rendre ? Peut-être regardes-tu déjà les jambes d’une autre
danseuse ? Tu tournes si facilement la page ! Demain, je sais, qu’à
l’aide d’une volonté de fer tu effaceras jusqu’au moindre détail de mon existence
et de notre amour et qu’entre les cuisses d’une autre femme, tu
t’épuiseras de plaisir jusqu’à oublier mon nom. Je vais disparaitre
remplacée par une autre passion, une autre obsession, un autre corps, un autre
amour et toutes nos promesses d’enfants amoureux ne seront alors plus que
bruits dans le vent. Ton amour sera mort et tu seras libre.
Aujourd’hui avec mes doigts
cassés, Je jette cette bouteille à la mer.
J’espère qu’un jour elle
atteindra une côte française et que tu t’y trouveras. Tu l’as verra
échoué sur la plage et tu l’ouvriras et peut- être qu’un vent new yorkais
rafraichira alors ton cœur et ta mémoire et que tout ce temps passé à tenter de
m’oublier n’aura pas eu raison de nous. J’espère que l’envie de me
revoir apparaitra et que sans passions, sans jalousie, sans possessivité, sans
rancunes, sans haine, sans rancœurs juste avec amour tu entreras de nouveau
dans ma vie m’acceptant comme je suis ni plus ni moins et qu’à
nouveau l’on s’aimera.
Mon cœur bat,
Mon cœur t’aime
toujours
2/ Jean-Charles du blog Histoires et Nouvelles : http://hisvelles.wordpress.com/
Dieu que
c’était dur cette séparation. J’ai dû tourner la tête sur le quai du métro pour
ne pas courir vers toi. J’ai passé un weekend fabuleux et tu me manques déjà.
Je regarde
les rues défiler sur cette ligne de métro aérienne sans les voir. Je ne pense
qu’à toi. Avant c’était déjà ainsi mais là, c’est pire. Je ne vois pas les
immeubles mais ton visage dessiné sur le carreau. Et ton corps en
surimpression.
Ce corps que
tu m’as offert est le plus beau cadeau que j’ai reçu jusqu’à maintenant.
C’était fabuleux. Je fus sûrement maladroit mais tu es la première femme de ma
vie. Je rigole quand je pense à l’hôtelière qui est venue frapper trois fois à
la porte pour nous déloger ce midi.
Évidemment
c’était difficile de quitter ce nid dans lequel nous avons franchi le pas.
C’était inoubliable. Ma maladresse n’avait d’égale que mon envie. Je me suis
trouvé tellement bête, tellement nul et j’ai même rougi lorsque tu as mis ta
main sur moi et que je n’ai pas su me retenir. Tu regardais ta main souillée
avec dégoût. C’était la première fois. Et nous avons fini par en rire.
Mais je me
suis rattrapé, je crois. D’ailleurs je suis très échauffé par les frottements.
Penser à toi ainsi me met dans une situation indescriptible. J’espère que d’ici
la prochaine station mon corps sera détendu sinon je ne sais pas comment je
pourrai me lever et prendre ma correspondance.
Ma station
vient de passer, je n’étais pas en état de bouger. Je changerai ailleurs. Mais
je suis obnubilé. Je t’aime je crois. J’espère que je n’étais pas trop rouge quand
j’ai payé la chambre. L’hôtelière par deux fois m’a demandé si j’étais majeur,
j’ai affirmé que oui. Heureusement qu’elle ne m’a pas réclamé ma carte
d’identité. Du haut de mes dix-huit ans* je doutais de passer pour quelqu’un de
plus de vingt et un ans.
À quatre
heures hier, nous avons pris la chambre et nous ne l’avons pas quittée avant
midi aujourd’hui. C’est vrai que je me suis jeté sur toi dès la porte refermée.
Vrai que je t’aie embrassée à n’en plus finir d’ailleurs la salive nous coulait
sur le menton. Je n’osais pas porter les mains sur toi malgré mon impatience.
J’essayais de penser que je faisais une partie de Big Indian**, mon flipper
préféré, pour tempérer mes ardeurs mais la sensualité de ce jeu ne faisait
qu’en ajouter. J’étais tendu il faut le dire.
Tu veux une
confidence qui va te faire sourire ? Toutes les nuits dernières j’ai piqué
un soutien-gorge à ma sœur pour m’entraîner à défaire les agrafes. J’ai répété,
répété inlassablement, caché sous les draps, pour avoir l’air d’un vieil habitué.
Quant au bout de deux essais tu m’as dit : « Laisse je vais le
défaire. » je me senti bien maladroit.
Heureusement
que ta sœur a bien voulu t’emmener chez le gynéco pour que tu puisses prendre
la pilule, sans cela je ne sais pas comment nous aurions pu nous donner l’un à
l’autre, sans souci. Ma fébrilité n’ayant d’égale que mon inexpérience nous
aurions été bien en peine. Tu m’as dit que tu avais mal aux seins et des
nausées à cause de cette pilule***. Revois le gynéco, cette pilule n’est
peut-être pas très adaptée pour toi.
Te voir nue,
te sentir nue contre moi était exceptionnel. Je regrette de n’avoir pas emmené
mon réflex, d’autant plus que j’avais acheté deux pellicules Ilford HP5 pour te
photographier mais tu n’as pas voulu. Pourtant, je développe moi-même le noir
et blanc et j’aurais fait de toi ma playmate préférée.
Il faut que
je revienne en arrière ou changer de ligne. Et dans ces longs couloirs de la
station Montparnasse mon pantalon taille basse**** me rappelle qu’il est
interdit de penser à toi dans des poses trop lascives. J’essaie de penser à des
choses moins drôles comme cette longue séparation qui va s’installer pour les
vacances.
Je t’aime.
J’ai eu peur de le dire, je ne sais pas pourquoi. Enfin si, à entendre les
autres se vanter de leur première fois, je n’étais pas très fier de moi.
T’ai-je dit que tu étais belle, la plus belle ? Je t’ai regardée lorsque
tu t’es assoupie cette nuit, tes longs cheveux étalés sur l’oreiller. J’ai
soulevé le drap pour me repaître de toi. Quel corps magnifique. Tes petits
seins regardaient le ciel. C’était juste somptueux. J’avais envie de crier
comme Johnny l’an passé : « Que je t’aime, que je
t’aime***** »
J’ai noté
que ma mère me regardait drôlement ce soir comme si elle constatait un
changement, elle me détaillait bizarrement, j’en étais gêné.
Quand je
pense que samedi prochain tu partiras en vacances, ce sera un mois
interminable. Y survivrais-je ? Je sais que ce que tu m’as offert est le
plus beau cadeau du monde ? Pardonne ma fébrilité. Chaque jour comme
chaque nuit tu seras l’objet de mes pensées, mon cœur ne battra que pour toi.
Je suis
jaloux, de ceux qui te regarderont sur la plage, de ceux qui de leurs yeux
envieux caresseront ton corps sans que tu le saches. Je suis jaloux, du temps
qui va nous séparer.
Je t’écrirai
chaque jour Élise et mon imagination ne me fera pas défaut. Je pianoterai sur
ton corps avec délicatesse, avec désinvolture je te dirai : « L’amour
physique est sans issue.****** »
* En
1970 la majorité est à 21 ans, elle sera ramenée à 18 ans le 5 juillet 1974.
** Le Big
Indian est un flipper commercialisé par Gottlieb.
*** C’est en
1967 que la loi Neuwirth autorise la pilule en France.
**** Le
pantalon taille basse fait son apparition dans les années 1970.
*****
« Que je t’aime » est une chanson de Johnny l’année 1969 :
« Quand tes cheveux s’étalent, comme un soleil d’été, et que ton oreiller,
ressemble aux champs de blé… »
******
« Je t’aime moi non plus » de Serge Gainsbourg chanté avec Jane
Birkin : « L’amour physique est sans issue, Je vais et je viens,
Entre tes reins… »
3/ Sand Webique du blog Glanerie Moderne : http://glanerie-moderne.tumblr.com/
Cher Toi,
Là où je vais tu
n’iras pas.
Je pars de l’autre
côté de l’océan découvrir si les indiens sont mieux plumés que Joséphine et
Mistinguette réunies. J’embarque mes passions à bord d’un transatlantique. Le
Nouveau Monde verra bien comment je nage à contrecourant.
Et toi, tu as peur
des nouvelles peaux, du bateau et de l’eau.
Là où tu es, je ne
resterai pas.
Ici la génération
perdue subit Paris pour s’abimer. La Rotonde passive attend que les aventures
viennent à elle. Les jours se suivent en Soixante-dix-huit tours sur le même
phonographe usé.
Et toi, tu as perdu
le rythme dans le ronron d’un air éculé, d’une chanson oubliée, d’un Maurice
Chevalier.
Là où je rêve tu n’es
pas.
Je veux les
lendemains libérés, le progrès en marche, les réussites à porter d’espoir.
Et toi, tu préfères
une famille de soumission, une femme à la maison, des enfants à foison.
Alors, comme en cas
d’absence, je ne suis pas là : Là où tu restes, ce sera sans moi.
Moi.
4/ Rachel du
blog My Blog So Chou : http://www.myblog-so-chou.net/
Mon amour 2.0,
Une fois n’est pas
coutume, ce soir tu ne verras pas mon hologramme. Je ne pourrai plus tromper longtemps la perspicacité de ce thermo-cardiographe qui ne manquera pas de démasquer l’emballement de mon cœur et la chaleur
qui m’envahit à chaque fois que tu me souris ou que tu me parles.
J’ai choisi exprès de
t’adresser une lettre, un moyen de
communication certes archaïque et obsolète, mais qui reflète tout à fait ce que j’ai à dire et comment je veux te
le dire. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si j’ai choisi de te l’envoyer
par une capsule spatiale qui voguera à travers les galaxies et te parviendra
peut-être dans un jour, dans un mois, dans un an, ou jamais…
Notre histoire est
née et a grandi dans le virtuel, le sentiment d’attachement que j’éprouve pour
toi et que je pense réciproque est pourtant tout ce qu’il y a de plus réel,
aussi réel que cette lettre que je m’apprête à t’envoyer.
Mon amour pour toi a
poussé petit à petit, arrosé par ces baisers dont tu as le secret… J’ai mis du
temps à m’apercevoir que tu étais exactement l’homme qu’il me fallait,
avec tes défauts et tes qualités. Moi la femme amoureuse de liberté n’a jamais
été aussi heureuse que lovée tout contre toi, prisonnière de tes bras.
Chaque fois que nous
sommes ensemble, je sens en moi ce cri qui n’a qu’une envie : transpercer
ma poitrine et t’éclabousser à coup de « Je t’aime ». Mais
jamais il n’a franchi mes lèvres, car pour toi l’amour est synonyme de cage et
de prison. J’essaie patiemment, tendrement de venir à bout de ton angoisse, de
panser cette blessure qui te rend méfiant et t’empêche d’être heureux. Si
l’amour devait être une cage, je te promets d’en laisser la porte ouverte et de
te confier la clé, celle que je t’ai donnée le jour où tu es entré dans ma vie.
En m’ouvrant ainsi à
toi, je risque de te faire fuir, toi l’animal effarouché, l’éclopé de la vie
qui ne veut plus s’attacher, qui ne veut plus aimer. Tant pis, aujourd’hui ce
risque je le prends, telle une chrysalide qui met sa vie en péril pour percer
son cocon et permettre au papillon de s’épanouir au grand jour.
S’il te plaît,
laisse-moi t’aimer, laisse-moi te prouver que l’amour peut guérir et donner des
ailes, laisse-moi te rendre heureux, laisse-moi ôter de ton regard ce
voile de tristesse et illuminer tes yeux de sourire.
Abandonnons nos avatars, quittons ce monde virtuel et rendons réelle notre histoire. Peu
importe, qu’on choisisse d’habiter sur Mars ou Vénus, je te suivrai. Toi,
mon amour…
Pour voter, deux solutions.
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Félicitation à ces belles plumes qui nous ont donnés beaucoup de plaisir ! Je vous souhaite une très bonne chance et bon vote à
nos lecteurs vous avez plus d'une semaine, jusqu'au lundi 22 juillet 23h59 !
Petit rappel :
Petit rappel :
les explications du challenge :
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