La panthère - Stéphanie des Horts : A la fin du XIXème siècle, Jeanne Toussaint, petite flamande née à Charleroi, grandit à Bruxelles où sa mère dentellière brode toute la journée des pièces que le père marchand ambulant vend sur les marchés avec un certain succès. Mais lorsque ce dernier tombe malade, la mère s'éprend d'un vagabond allemand. Il devient son amant et fait main basse sur la petite entreprise familiale. L'homme abuse tout d'abord de Charlotte, la sœur aînée qui s'enfuit à Paris. Il s'en prend alors à la petite Jeanne qui à l'âge de 13 ans fugue à son tour. Jeanne fait alors la connaissance de Pierre de Quinsonas, un jeune fils de famille, élève officier déserteur de l'armée française qui mène la grande vie en Belgique. Il lui promet de l'épouser une fois de retour à Paris mais la famille de celui-ci, lui ayant trouvé une riche héritière avec qui convoler, s'y oppose formellement. En France, Jeanne installée par le jeune homme dans un hôtel particulier, devient une irrégulière, une femme entretenue. Elle retrouve sa sœur Charlotte qui assume pleinement son statut de demi-mondaine, de courtisane que le Tout-Paris s'arrache. Sur les traces de son aînée, Jeanne multiplie les amants fortunés, va de fête en fête, fréquentant artistes et grands de ce monde. Elle s'éprend cependant de Pierre Hély d'Oissel, baron d'industrie, futur directeur de Saint-Gobain. Il envisage de l'épouser mais sous la pression de sa famille, renonce. Un soir, chez Maxim's, il lui présente Louis Cartier, le joaillier des rois, le célibataire le plus en vue de la Capitale. Une complicité amoureuse, intellectuelle et artistique naît entre eux. Louis apprend à Jeanne les pierres précieuses et les métaux. Il lui confie la direction de la boutique du 13 rue de la Paix où elle va imposer son génie de la modernité et traverser les époques.
Biographie romancée, écrite à la première personne, La panthère est un formidable portrait de femme libre au destin singulier. Mystérieuse, solitaire, généreuse, inspirée, Jeanne Toussaint se hisse dans un monde d'hommes par la seule force de sa terrible volonté, son opiniâtreté sans faille à une époque où les femmes sont cantonnées aux rôles d'épouse et mère, subalterne ou maîtresse. Ce même esprit combatif qui lui causera des problèmes au cour de l'Occupation allemande. Directrice de la haute joaillerie pendant plus de trente ans, elle demeure néanmoins méconnue malgré son importance dans le développement et le rayonnement de la maison Cartier dont elle a si longtemps tenu les rênes.
Redonnant chair aux faits historiques, Stéphanie des Horts raconte le parcours de Jeanne, les obstacles, les doutes, incarnant à travers les mots, la vivacité, l'intelligence de cette créatrice de génie au goût très sûr porté. Femme de caractère, aussi farouche qu'inflexible, Jeanne Toussaint rêve de reconnaissance. Si elle ne sait pas dessiner, elle reçoit l'appui des plus grands tel que Peter Lemarchand pour concrétiser ses ambitions de modernité, présidant ainsi à la naissance de pièces emblématiques de la maison, bijoux fabuleux de souplesse aux montures invisibles, bestiaires ruisselants d'or et de pierres. C'est elle avec son sens inné de l'élégance qui imagine le motif de la panthère, emblème aujourd'hui de la maison Cartier, dont Wallis Simpson, duchesse de Windsor, fut la première à se parer dans les années 1950.
Par le biais une reconstitution soignée, des années Folles, à l'Entre-deux-guerres jusqu'aux années 1970, Stéphanie des Horts nous fait traverser le siècle en compagnie de Jeanne Toussaint, au fil d'un récit rythmé. Si chaque époque ne brille pas forcément autant, certaines étant traitées avec moins de flamboyance, l'auteur réussit particulièrement à ressusciter le Paris des grandes cocottes, le luxe extravagant de la haute société, croisant sur son chemin Marcel Proust, le couple Fitzgerald, Jean Cocteau ou encore Gabrielle Chanel. Âme et inspiratrice de l'une des plus grandes maisons du luxe français, Jeanne Toussaint fait à nouveau entendre sa voix dans ce roman fascinant.
La panthère - Stéphanie des Horts - Editions JC Lattès - Edition de poche Le Livre de Poche
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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