Spectacle : Guillermo Guiz a un bon fond - Point Virgule - Paris 4



Dans son spectacle confession, Guillermo Guiz, irrésistible, revient sur son parcours, celui d'un trentenaire noctambule qui a grandi dans une banlieue bruxelloise sordide et a très mal vécu son véritable prénom - Guy. S'amusant des clichés, il les détourne pour mieux les dénoncer. Les femmes, le terrorisme, la pédophilie, la drogue, le racisme, les discriminations, Guillermo Guiz, plume ciselée, verbe affûté, flirte allègrement avec l'absurde tout en cherchant à répondre au questionnement métaphysique qui le préoccupe, comment être un mec bien. Pour soulager ses angoisses existentielles, il se penche sur ses propres lâchetés, ses incohérences, des travers inhérents à la nature humaine. Avec son personnage de loser magnifique, il explore la veine autobiographique décalée dans une grande liberté de ton. A travers cette réflexion sur soi et son rapport au monde, il pousse l'introspection, vision désespérée de la vie où la causticité se révèle seul antidote efficace contre les noirceurs de l'existence.






J'ai découvert Guillermo Guiz dans l'émission de Nagui sur France Inter, La bande originale, où il fait partie des humoristes intervenant dans la section La drôle d'humeur. De son vrai nom, Guy Verstraeten, un temps espoir du football belge, ex-directeur artistique du VIP Room Belgique, cet ancien journaliste pour Le Soir, Focus, Le Monde diplomatique, a été converti au stand-up par l'humour très caustique de Louis CK. 

Pratiquant l'autodérision avec panache, Guillermo Guiz, tout en irrévérence, ne semble avoir aucun tabou. Verbe haut, texte acéré, il décape avec rythme et précision. Fiasco de sa première fois, fibre patriotique défaillante, tableau corrosif de sa Belgique natale, autoportrait au vitriol, il brouille les pistes avec intelligence. Très nature, aussi sensible que trash, il autopsie ses états d'âme, déballant ses pensées inavouables. 




Grinçant, il déploie un sens inné de l'aphorisme définitif. "Célibataire, la vie n'a pas de sens. En couple, elle n'a pas d'intérêt", "Mon courage, c'est comme mon wok. Je sais que j'en ai un mais je ne m'en sers pas souvent.", ses punchlines sont dévastatrices. L'humour très noir, les grivoiseries savoureuses. 

Aussi piquant que spontané, Guillermo Guiz fait dans l'inattendu, la sincérité teintée d'absurde. Un humoriste attachant, un spectacle incisif. A voir absolument.  

Du jeudi au samedi à 20h

Le Point Virgule
7 Rue Sainte-Croix de la Bretonnerie - Paris 4
Tél : 01 42 78 67 03



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.