Paris : Monet au parc Monceau, impressionnisme et représentation de la nature



Au parc Monceau, Claude Monet réalise six tableaux, trois vues exécutées au printemps 1876 et présentées lors de l'exposition impressionniste de 1877 puis trois autres toiles en 1878. S'il est aujourd'hui difficile de retrouver les endroits précis où le peintre a posé son chevalet tant le parc a évolué, la végétation changé, ces œuvres comme un journal sensible de promenade évoquent puissamment ces journées passées sous les arbres. Dans la lignée des humeurs paysagères dont Monet a pris le goût auprès d'Eugène Boudin, l'un des premiers artistes de plein air, précurseur de l'impressionnisme. En 1867, avec son tableau Femmes au jardin, Claude Monet entame une rupture radicale avec la représentation classique du paysage, traditionnellement attachée à la transposition romantique d'un état d'âme. Sans méditation d'intentions, dans l'immédiateté du moment, du parc Monceau dont je vous racontais l'histoire ici à Giverny, de Versailles à Chantilly, Claude Monet n'aura de cesse de chercher une traduction picturale de l'éclat de la nature dans l'instant fugitif.


Parc Monceau - Claude Monet - 1876

Parc Monceau - Claude Monet - 1876

Parc Monceau - Claude Monet - 1876


Gustave Courbet, Paul Cézanne ou encore Alfred Sisley, les peintres du milieu du XIXème siècle vont repenser la façon d'évoquer la nature. Expérimentant l'oubli de soi dans l'unité parfaite avec la Création, l'artiste questionne sa propre identité, les rapports de l'Homme à la nature, les rapports de l'Homme au divin. La retranscription subjective des atmosphères devient quête d'impression, de sensations. L'émerveillement ressenti devant la nature se traduit sur la toile par une approche personnelle où le monde se reformule à l'aune de la sensibilité de l'artiste. Le paysage support privilégié de leur recherche, espace de contemplation, se fait sous leur pinceau expression des sentiments intérieurs à travers un cheminement mystique, jusqu'à expérimenter les forces transcendantes de la nature.

Agnostique voire athée, Claude Monet n'intègre pas de dimension spirituelle à sa démarche. Il est dans l'interprétation. C'est la pensée humaine qu'il traduit à travers les formes et les couleurs qui se dissocient de la réalité, suggérant l'émotion, provocant la contemplation et le sentiment de transcendance. A propos des paysages de Monet, Kandinsky évoque d'une représentation de la "résonance intérieure".


Parc Monceau - Claude Monet - 1878

L'exposition de groupe de la Société anonyme des artistes peintres, sculpteurs et graveurs du 15 avril au 15 mai 1874 dans l'ancien studio du photographe Nadar marque une révolution artistique. Le jeu de mot malveillant du critique d'art Louis Leroy, du journal Charivari, sur le titre du tableau de Monet Impression, soleil levant peint au Havre vraisemblablement entre 1872 et 1873, donnera son nom au mouvement.

Passionné de botanique, la nature est une source d'inspiration inépuisable pour Claude Monet. Peintre en son jardin, installé à Giverny en 1883, ses œuvres traduisent son émerveillement. Fusion avec l'élément naturel, relation symbiotique passionnée, il exerce sa vision sur les apparences, impose les réalités inconnues de l'esprit. 


Parc Monceau - Claude Monet - 1878
Parc Monceau - Claude Monet - 1878
























Dès 1876, il expérimente dans ses représentations du parc Monceau, les motifs bidimensionnels qui caractérisent son travail des années 1880 et 1890. Ses compositions marquées par un souci de la lumière révèlent une saisie intuitive de l'instant. Bandes d'herbe et arbres en fleurs, délicatesse des feuilles, Monet ausculte les dispositions de l'ombre et la lumière, leurs infinies variations. Les larges contours, les forts contrastes suggèrent l'évolution technique et esthétique, annoncent un fait pictural nouveau. L'intention prime sur l'exactitude de la représentation. "Le motif est quelque chose de secondaire, ce que je veux reproduire, c’est ce qu’il y a entre le motif et moi". Monet.

Claude Monet au parc Monceau



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 


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