Fashion Craving : Streetwear, mode d'emploi - Le vestiaire de la rue, roi des tendances



Fruit de la contre-culture des années 1990, aujourd'hui élixir de jouvence des grandes griffes, le streetwear mêlant workwear et sportswear, relayé par le succès des labels historiques tels que Supreme, Carhartt, Stüssy, trouve depuis le début des années 2010 un nouveau souffle. De ses origines dans les milieux du graffiti, du skate et du rap, cette version actualisée a conservé des références esthétiques importantes qui vont du Wu Tang Clan aux films de Larry Clark (notamment Kids sorti en 1995). En quête de street credibility, les marques du luxe se lancent dans des collaborations pointues qui donnent naissance à des collections capsule. Le vocabulaire mode questionne les références établies, bouscule l'allure pour toucher du doigt à l'essence de la modernité. L'évolution de la société offre une plus grande liberté pour s'habiller au quotidien. Start-upers et créatifs de tout poil ont définitivement abandonné le costume de papa. Le vêtement urbain s'est émancipé !




Porté par la forte mouvance hip hop indissociable de la mode actuelle, le streetwear, mouvement transgénérationnel par excellence, s'infiltre dans le quotidien de tous. Il touche une clientèle de citadins en quête de confort, de fonctionnalité mais également d'une attitude. S'inspirant des codes emblématiques d'une certaine esthétique, des labels bien sentis misent sur un registre sélectif de basiques inspirés des archives maison et réédités comme certaines pièces iconiques signées Kappa ou Fila. Afin de décloisonner les styles, les marques revisitent les pièces classiques du vestiaire streetwear. 

Les vêtements sont pensés oversized et non plus portés deux tailles au-dessus. L'interprétation des éléments visuels forts, lettrage massif, satinette pour les joggings, marque un vrai courant de fond émergeant. Les fondamentaux du workwear, vêtements utilitaires qui allient robustesse et fonctionnalité, se retrouvent dans des coupes traditionnelles revisitées telle l'emblématique salopette Carhartt en cotton duck.




Les séries limitées de baskets - on dit sneakers ces jours-ci - font la joie des collectionneurs qui choisissent leurs boutiques préférées selon la pertinence de la sélection. Supra, Nike SB, la division skate de l'équipementier américain, Air Max 1, Air Jordan, New Balance fabriquées en Angleterre dans les usines de Flimby ou encore les Vans, authentique marque californienne de skate fondée en 1966 par les frères Van Doren, font partie des essentiels incontournables.

Si le total look façon panoplie est souvent envisagé au second degré, l'homo urbanus se réapproprie plus largement ce mouvement de mode par petites touches. Le streetwear aujourd'hui, c'est l'art pertinent du mix and match. Les accessoires s'imposent iconiques, gros casque audio, montre high tech, casquette. Les sneakers se portent avec un blazer bien coupé, le sweat à capuche, rebaptisé hoodie, se glisse sous un caban impeccable, le pantalon chino rencontre le pull en cachemire, la doudoune sans-manche se distingue sous une veste en laine. Le bombers, le coach jacket, le jogging, le tee-shirt manches longues complètent le catalogue des valeurs sûres héritées. Palette neutre, volumes importants, matières plus légères sont autant d'éléments qui permettent de dépasser les frontières de la culture street.