Expo : Pop Art, Icons that Matter - Collection du Whitney Museum of American Art - Musée Maillol - Jusqu'au 21 janvier 2018

Giant Fagends - Claes Oldenburg - 1967 / Eli -Alex Katz - 1963 : Alex Katz ADAGP - Paris 2017


Le Pop Art fait son show au Musée Maillol pour mieux comprendre les enjeux et les contours d'un mouvement dont l'ancrage est profondément américain. Le Whitney Museum a ouvert ses réserves et prêté, à l'occasion d'une exposition événement, une soixantaine d'œuvres. La grande majorité d'entre elles n'a jamais été exposée en France. En rupture avec l'expressionnisme abstrait prédominant des années 1950, le pop art, apparu au début des années 1960, revendique une libération esthétique, une brutalité plastique qui réaffirme la puissance de l'image en désacralisant la notion d'oeuvre d'art. Les symboles de la réalité quotidienne sont détournés, les dimensions altérées, les représentations multipliées afin de permettre la diffusion massive des œuvres. Entre critique et célébration de la société de consommation, le pop art questionne les excès, la démesure. Pièces majeures, peintures, sculptures, sérigraphies, installations, Pop Art, Icons that Matter offre un panorama complet de ce courant artistique largement plébiscité par le public.


Girl in Window Estate of Roy Lichtenstein New York
ADAGP Paris 2017

Gold Fish Bowl - Explosion Estate of Roy Lichtenstein New York
ADAGP Paris 2017

Robert Rauschenberg - Landmark - 1968


Marilyn Pursued by death - Rosalyn Drexler - 1963

Ice - Richard Lindner - 1966

The motorcycle - Roy Schnackenberg 1966
Great American Nude - Tom Wesselmann - 1964

The motorcycle - Roy Schnackenberg - 1966


Irrévérencieux, impertinent, le pop art se pose en réaction à la surabondance de signes, d'images issus de la télévision, des journaux, de la bande dessinée, véritable matraquage médiatique qui submerge les consciences. Les artistes du mouvement s'approprient l'iconographie publicitaire dominante, les symboles de la culture populaire que sont logos et autres packagings. A travers leur travail, ils réinventent les signes matériels du rêve américain. 

Les objets les plus ordinaires appartenant au répertoire de la quotidienneté génèrent une fascination du fait de leur triviale familiarité. Fétiches d'un monde consumériste, les marchandises deviennent des icônes. Les emblèmes génériques de la société de consommation sont condensés, simplifiés, stylisées et totalement dépersonnalisées dans une dynamique semblable à celle induite par la production industrielle. 


Madonna and child - Allan D'Arcangelo - 1963

John Wesley - Balkans 1971 - Priscilla the Hun 1971
American expeditionary forces 1971 

Harold Edgerton - 1960-1964

Pour les lèvres - Allen Jones - 1965 / Istrian River Lady -
Christina Ramberg - 1974

Mel Ramos - Balled Eagle1969 - Toucan Better Than One 1969

Target with four faces - Jasper Johns - 1968 : © Jasper Johns
ADAGP Paris 2017

Double Isometric Self Portrait - Jim Dine - 1964

A Black Shovel, Number 2 - Jim Dine - 1962


Des précurseurs Jasper Johns et Robert Rauschenberg, deux artistes qui ne revendiquent pas d'appartenance au mouvement mais dont le travail a marqué une rupture, aux sérigraphies d'Andy Warhol, jusqu'au Love en aluminium de Richard Indiana ou aux créations d'Alex Katz, toutes les stars du pop art sont présentes. Les œuvres de Roy Lichtenstein, Jim Dine, George Segal, John Wesley conversent avec celles d'artistes peu représentés en Europe, tels qu'Allan D'Arcangelo ou May Stevens. 

Les rares femmes du pop art, notamment Rosalyn Drexler et Christina Ramberg, trouvent une place de choix dans cette exposition. Les pin-ups de Mel Ramos, Allen Jones, Tom Wesselmann interrogent la représentation des corps dans une érotisation paradoxalement déshumanisée. Répliques des objets du quotidien, cendrier rempli de mégots gigantesques, assiette de frites au ketchup démesurée, les sculptures de Claes Oldenburg, en vinyle ou en mousse de kapok, s'imposent, monstruosités monumentales. 


Giant Fagends - Claes Oldenburg - 1967 / Eli - Alex Katz - 1963

French Fries and ketchup - Claes Oldenburg - 1963
Large trademark with eight spotlights - Edward Ruscha - 1962

Clae Oldenburg

Sterling - Billy Al Bengston - 1963 / French fries and ketchup - Clae
Oldenburg 1963 / Broome street trucks after Herman Melville- James
Rosenquist 1963

Broome street trucks after Herman Melville - James Rosenquist - 1963

LOVE - Robert Indiana - 1968 © 2017 Morgan Art Fondation, ARS New York
ADAGP Paris 2017 

The Bus Station - George Segal - 1965

Marilyn - Andy Warhol - 1967

Electric Chair 1971- Jackie Kennedy 1968 - Andy Warhol


Derrière l'absence de sens revendiquée de cette banalité transfigurée, la dimension critique sous-jacente transparaît nettement. Formatage des émotions, des formes, le contenant devient plus intéressant que le contenu, l'enveloppe plus importante que le sens. L'apparence est un écran, un masque derrière lequel se cache la réalité. En regardant le monde tel qu'il est, les œuvres du mouvement pop art se présentent comme autant de parodie des dérives contemporaines, satire acide qui parfois se teinte d'admiration pour cette démesure dantesque.

Pop Art, Icons that Matter - Collection du Whitney Museum of American Art
Du 22 septembre 2017 au 21 janvier 2018

Musée Maillol - Fondation Dina Vierny
59-61 rue de Grenelle - Paris 7
Tél : 01 42 22 59 58
Horaires : Tous les jours de 10h30 à 18h30 - Nocturne le vendredi jusqu'à 21h30



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.