Cinéma : Dalida, de Lisa Azuelos - Avec Sveva Alviti, Riccardo Scamarcio, Jean-Paul Rouve



En 1967, à la suite du suicide de son amant, Luigi Tenco, Dalida tente de mettre fin à ses jours. La convalescence est longue et difficile. Dans le cabinet de son psychiatre, les hommes de sa vie, Orlando, son frère, Lucien Morisse, son ex-mari, Jean Sobieski, son amant se succèdent pour parler d'elle. De sa naissance au Caire en 1933 dans une famille italienne, ses blessures d'enfance jusqu'à ses débuts alors qu'elle est découverte lors d'un concours par Bruno Coquatrix et Lucien Morisse alors directeur des programmes d'Europe 1, la fulgurante trajectoire de Iolanda Cristina Gigliotti est parcourue de drames personnels. Histoire d'une femme solaire, une artiste brisée par la vie, une héroïne moderne avant l'heure.  







Portrait de l'artiste en grande amoureuse, personnage hors du commun en avance sur son temps, ce biopic revient sur la success story et la réalité intime d'une icône indépendante, une star planétaire, une femme moderne plus libre que son époque mais infiniment seule. Disparue en 1987, Dalida est devenue un mythe flamboyant derrière lequel l'être semble avoir disparu. Le film de la réalisatrice Lisa Azuelos redonne sa dimension humaine à la chanteuse sur le thème du mélodrame au féminin. Au-delà des lumières de la rampe, il y a le vertige, le gouffre, le sentiment d'abandon, la mélancolie qui se change en dépression, le désir de maternité impossible, les rêves inaccomplis de famille. 

Le film qui se déploie dans un premier temps en un récit choral revient très vite vers la ligne plus attendue du biopic chronologique. Ce changement de structure vers une narration classique souligne l'effet démonstratif de la réalisation tandis que les flash-backs d'enfance appuyant sur l'idée de blessure originelle manquent de subtilité. 







Les rencontres amoureuses avec des hommes torturés entrent dans un schéma répétitif de relation chaotique suivie d'abandon tandis que les paroles des chansons illustrent les états d'âme, expriment les sentiments avec une belle puissance nostalgique. Dalida, le film, c'est aussi la reconstitution flamboyante d'une époque. Le soin apporté aux costumes et décors donnent une saveur particulière aux images qui sont superbes. 

Véritable révélation du film, touchante et fragile, Sveva Alviti, actrice débutante, incarne Dalida avec grâce et sentiments, aussi bien ses fêlures que ses forces. La ressemblance est frappante, le mimétisme bluffant, l'interprétation inspirée. A ses côtés, Ricardo Scarmacio est un Orlando subtil et intrigant. Les cameos sont savoureux tels Patrick Timsit en jovial et matois Bruno Coquatrix, Vincent Perez en Eddie Barclay plus dandy que jamais. Mystificateur mythomane, Nicolas Duvauchelle malgré une moumoute d'un goût douteux joue un Richard Chanfray sulfureux à souhait, parasite détestable et charmant.




Dalida se veut le versant intime d'une existence tragique ponctuée par des histoires d'amour malheureuses et les suicides successifs des hommes de sa vie. Cependant, le résumé en deux heures de ce destin singulier manque parfois d'intensité peinant à dépasser la surface. Un film imparfait mais au charme indéniable qui ravira les fans et les nostalgiques.

Dalida de Lisa Azuelos
Avec Sveva Alviti, Riccardo Scamarcio, Jean-Paul Rouve, Nicolas Duvauchelle, Niels Schneider, Patrick Timsit, Vincent Perez
Sortie le 11 janvier 2017



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.