Paris : 10 cités parisiennes bucoliques - Belleville, Ménilmontant, Oberkampf, Les Epinettes, Glacière, le Paris champêtre



Ensembles architecturaux singuliers formant un tout homogène, les cités parisiennes, voies publiques ou voies privées, gardent le souvenir d'un urbanisme à taille humaine. Rien à voir avec les cités HLM donc. Rescapées d'un autre temps, celles qui nous intéressent aujourd'hui sont marquées par l'histoire de la ville et de ses habitants. Souvent discrètes, pour découvrir ces bulles champêtres en plein cœur de la Capitale, il faut aimer flâner et se perdre dans les rues de Paris. Amoureusement entretenues par les riverains, ces cités à l'ancienne dont la plupart étaient originellement destinées à loger des populations modestes quand elles n'avaient pas de vocation industrielle sont aujourd'hui un petit luxe à nul autre pareil. Maisons individuelles et petits immeubles font la joie des habitants qui ont souvent dû lutter pour préserver et réhabiliter un environnement menacé par l'appétit des promoteurs immobiliers. Voici mes dix cités parisiennes favorites

Du côté d'Oberkampf, dès le début du XIXème siècle, en marge du Faubourg Saint Antoine où le bois est travaillé, cours et arrière-cours abritent artisanat et petite industrie centrés autour de la métallurgie. Ferronniers, batteur d’or, chaudronniers s’installent dans des impasses, petites cités ouvrières typiques du XIème arrondissement. Ces cours intérieures irrégulières, mal pavées souvent très humides sont bordées d’ateliers érigés en matériaux légers, relativement bas et aux fondations peu profondes. Il est toujours surprenant de découvrir au gré de promenades quelques résurgences de ce vieux Paris que des riverains enthousiastes ont su à la fois préserver et réhabiliter.




Accès 104-106 rue Oberkampf 

La Cité du Figuier est un bel exemple de réhabilitation réussie grâce à la passion et au dévouement de ses habitants. A l’entrée, un grand immeuble de rapport construit pour loger les ouvriers qui travaillaient dans les entreprises de l’impasse, dissimule aux regards indiscrets et protège de l’animation perpétuelle de la rue une cour intérieure remarquable encadrée d’anciens ateliers. Un majestueux figuier accueille les visiteurs de cette desserte privée. Il a donné, il y a une quinzaine d’année, son nom à cette cité artisanale datant de la Troisième République - fin du XIXème siècle. Les anciens ateliers de métallurgie devenus ateliers d'artistes et habitations particulières racontent l'histoire d'un sauvetage, celui d'une cité industrielle délabrée devenue en trente ans un havre fleurie au charme incomparable. Retrouvez l'article complet qui lui a été consacré ici 




Accès 154 rue Oberkampf 

Moins entretenue mais néanmoins chère à mon coeur, la Cité Durmar fait également partie des lieux de mémoires du passé industriel de la ville. Il s'agit d'une ancienne parcelle maraîchère du quartier Saint-Ambroise au pied de Ménilmontant. Au cours du XIXème siècle les maisonnettes des cultivateurs, surélevées d'un étage sont peu à peu transformées en ateliers divers, le plus souvent liés à l'artisanat local du bois. Aujourd'hui, la morphologie particulière de la Cité Durmar est partiellement protégée par le plan d'urbanisme locale. Néanmoins les ateliers typiques de l'ancien faubourg conservés dans leur jus, plutôt délabrés donc mais tellement charmants, n'entrent pas dans cette ligne de préservation. Menacée sous la pression des promoteurs par la gentrification et l’homogénéisation du quartier, la Cité Durmar voit peu à peu disparaître l'ensemble original au profit de constructions nouvelles. Les vestiges du vieux Paris sont gommés sans état d'âme. C'est dire s'il est urgent de visiter ce lieu avant son lifting à la truelle. Retrouvez toute l'histoire de la Cité Durmar dans l'article qui lui a été consacré ici 


Dans le XIIIème arrondissement, au début du siècle dernier, entre 1900 et la Première Guerre Mondiale, de nombreuses petites maisons individuelles ont été érigées sur la zone de comblement de la vallée de la Bièvre entre Maison Blanche et Glacière. De ces ilots résidentiels, il reste, de nos jours, peu de choses. Les années 1960-70 ont imposé au XIIIème un urbanisme tout en verticalité. Les grandes opérations ont fait pousser tours et ensembles vertigineux.




Accès 36-38 et 50-54 rue Brillat-Savarin 

Entre Maison Blanche et Glacière, un petit village résiste encore et toujours à l'envahisseur. Il s'agit de la Cité Florale, véritable parenthèse enchantée, micro-quartier champêtre qui a miraculeusement survécu aux métamorphoses de la ville. Heureux vestige d'un temps pas si lointain, cette minuscule enclave fleurie forme un ensemble pavillonnaire pimpants à l'ombre des tours. Paradis des chats et des abeilles, il est bon de se promener nez au vent à travers les coquettes venelles aux noms évocateurs, rue des Glycines, des Volubilis des Orchidées, des Iris, des Liserons. Le lotissement en triangle de la Cité Florale, projet immobilier lancé en 1928, forme un micro-quartier à la physionomie insolite, ordonné autour d’une placette baptisée square des Mimosas. Cette campagne en ville, est parsemée de maisonnettes de style hétéroclite qui s’harmonisent dans leurs proportions. L’ensemble pavillonnaire remarquable se composent de jolies villas aux murs et volets colorés dont l’architecture diverse se couvre de vigne vierge et de lierre. La glycine abonde, les arbres en automne rougeoient dans le pâle soleil. Végétation luxuriante, jardinets entretenus avec amour, balcons verdoyants et plantes en pot parsemant les ruelles pavées donnent à cette singulière parcelle une atmosphère paisible de quiétude heureuse. Découvrez toute l'histoire de la Cité Florale dans l'article qui lui est consacré ici 


Entre l'effervescence de la place de Clichy et les élégantes Batignolles, le quartier des Epinettes dans le XVIIème arrondissement offre un paysage urbain entre transformations récentes et préservation du patrimoine. Ruelles paisibles au charme provinciale et découvertes hors du temps au programme.




Accès 154 avenue de Clichy – 59 rue de la Jonquière 
Horaires d’ouverture au public : du lundi au samedi de 7h à 19h, dimanche et jours fériés de 7h à 13h

La Cité des Fleurs est un lieu préservé à la quiétude heureuse. Née à la moitié XIXème siècle sous l'impulsion de deux investisseurs au nez creux, elle est le résultat d'une opération immobilière dont les deux conventions fondatrices toujours en rigueur ont permis de préserver l'harmonie de l'ensemble grâce aux règles d'urbanisme de la villa d'origine. Celle-ci prévoyait notamment l'obligation de planter au moins deux arbres dans les jardins. Les hôtels particuliers dévorés de lierre et de vigne vierge se cachent, timides. Les belles constructions bourgeoises abondamment fleuries, tocades d’inspiration méditerranéenne à l’ombre mêlée des palmiers, tamaris et des oliviers côtoient des pavillons aux jardinets plantés de cerisiers et de bambous, plus modestes mais tout aussi charmants. La disparité architecturale et luxuriance d’une nature épanouie en font une destination de promenade des plus insolites. Retrouvez toute l'histoire de la Cité des Fleurs dans l'article qui lui est consacré ici 


Sous les auspices ailés du Moulin Rouge, l'histoire du Pigalle canaille, de Montmartre du plaisir et du crime, mêle la légende de la pègre d'avant-guerre et des cafés-concerts. Les guinguettes et les bals et les cabarets fleurissent dès la fin du XIXème siècle à l'ombre des fortifs. Souteneurs et vénus mercenaires croisent dans les troquets borgnes et autres assommoirs du boulevard les artistes de la Butte. Le bas Montmartre a conservé quelques vestiges des allées où logeaient lingères, ouvriers, domestiques des beaux quartiers, filles de joie et voyous. Des passages aujourd'hui totalement réinventés.





Accès 94 boulevard de Clichy

Curieusement imbriquée entre des immeubles d'habitations et le Moulin Rouge qui y avait au début du XXème siècle ses loges d'artistes, la Cité Véron est un ensemble pittoresque au charme champêtre. Bordée d’immeubles de quelques étages, de pavillons aux jardinets soignés. La végétation luxuriante, lots de glycine, lierre et vigne vierge offre un contrepoint piquant à l'idée de la ville qui bruisse toute proche. Dans les grands arbres piaillent des oiseaux et les chats sont ici rois. Surnommée la Cité des Poètes, elle a été habitée par Boris Vian dès 1953 rejoint au 6bis, en 1954, par son ami Jacques Prévert. Le Collège de Pataphysique qui y tenait réunion. Aujourd'hui, au 4bis, le Théâtre Ouvert, théâtre d’art et d'essai promeut la création contemporaine à travers une programmation éclectique. Retrouvez l'article complet consacré à la Cité Véron ici 





Accès 48 boulevard de Clichy 

Loin du flot tapageur de la ville, le 48 boulevard de Clichy, dans le quartier des Grandes Carrières dépendant de Montmartre, s’ouvre sur un joli secret parisien à peine discernable depuis la rue. Une impasse verdoyante, longue d’à peine cent mètres, paresse dans une heureuse abondance végétale. Ancienne cité ouvrière autrefois habitée par une petite communauté provençale, la voie a été baptisée Cité du Midi par celle-ci. Fleurs, arbrisseaux, lauriers, oliviers nains, roses trémières en pot sur les pavés polis par le temps. Derrière les murs se cachent des jardinets dont la présence se manifeste par les hautes cimes de quelques arbres saluant, par dessus les grilles en fer forgé, les visiteurs dans un froufrou feuillu. Découvrez toute l'histoire de la Cité du Midi dans l'article qui lui a été consacré ici 


A Belleville, c'est aux cultures maraîchères et à la vigne que l’on doit la découpe caractéristique des rues, en lanières étroites dans le sens de la pente. Les parcelles allongées dédiées aux habitations ont été naturellement tracées perpendiculairement à ces voies. Reconnaissable entre toute, cette géographie de la ville si particulière perdure, les travaux du baron Haussmann n’ayant pas atteint les environs. Dans les années 1960/70, quand l'architecture a pris le pas sur l'histoire et remodelé le territoire de la ville, l'urbanisation galopante et les importants travaux ont modifié durablement le visage de Belleville. Quelques vestiges perdurent de l'ancienne commune frondeuse si l'on prend le temps de fureter attentivement. Passages, impasses, anciennes cours d'artisans et cités bordés de petites maisons typiques du vieux quartier se font discrets mais valent le détour.




Accès 151 rue de Belleville 

Au-delà des portes cochères de classiques immeubles parisiens, il n’est pas rare de découvrir de surprenantes oasis champêtres, des passages privés où jolies résidences et jardinets jouent de leur charme bucolique. Au 151 rue de Belleville, en franchissant deux bâtiments d’habitation et une courette fleurie, se dévoile la Cité du Palais Royal jalousement préservée des assauts de l’urbanisme à la mode promoteurs immobiliers. Cette étonnante voie piétonne, secret bellevillois préservé, se prolonge en impasse jusqu’au 38 rue des Solitaires. Cet espace hors du temps rappelle la quiétude de petits villages perdus dans la verdure. Marquises et murets soutenant de prolifiques glycines, lilas épanouis, rosiers vénérables, l’abondance de fleurs marque le soin particulier qu’apportent les riverains à leur petit coin de paradis où les chats gambadent allègrement. Découvrez l'article qui a été consacré à la Cité du palais Royal ici 






Accès par le 53 rue Rébeval

Ancien chemin Saint-Laurent menant de Belleville au quartier Saint-Laurent par le chemin de la Chopinette de l'autre côté du boulevard, la rue Rébeval date de 1672. Du côté des numéros impairs, les nombreuses ruelles de traverse qui existent encore étaient alors des passages qui conduisaient aux moulins et aux carrières de la Butte où l'on extrayait sable, pierre à bâtir, argile, gypse. Entre les 53 et 55 de la rue Rébeval, s'ouvre la Cité Jandelle, étroite allée se terminant en impasse, à priori pas franchement avenante, mais qui réserve de jolies surprises pour peu que le flâneur prenne le temps de s'y attarder. La véritable pépite des lieux se dévoile au delà des petits immeubles et des cours de tennis municipaux, une trace vivace du tissu urbain bellevillois originel. D'anciennes maisons rénovées fleurissent dans l'abondance verdoyante de jardinets entretenus avec passion. Au numéro 12, une maison datant de 1886 signée par Edouard Jandelle-Ramier porte au fronton tête de femme sculptée. La bâtisse est reliée à une autre construction de la même époque par un escalier. Artistes peintres, designers nombreux à résider dans la Cité Jandelle s'inspirent de l'atmosphère singulière qui y règne. Retrouvez toute l'histoire de la Cité Jandelle dans l'article qui lui est consacré ici 






Accès 50-56 boulevard de la Villette / 75 avenue Simon Bolivar

Entre les numéros 50 et 56 du boulevard de la Villette, un ensemble de logements sociaux dissimulent une petite cité, passage typique du vieux Belleville que les grands travaux des années 70 ont partiellement épargné donnant naissance à un curieux hybride non dépourvu de caractère. Histoire de la ville et du quartier en un confetti verdoyant résumée. Bordée d'immeubles et de maisonnettes, cette petite voie privée du quartier Combat a subi bien des avanies. Construits dans les années 70, curieuses façades carrelées et rotondité originale, des immeubles modernes forment le cœur de l'ilot mais ils sont loin d'être les plus vilains du quartier. A la place de ces constructions récentes se trouvait originellement l'entrepôt des décors des Folies Bergères. Contrepoint poétique, évocation vivace de ce que fut Belleville, les bicoques charmantes de la cité sont pour la plupart d'anciens ateliers d'artisans cartonniers réaménagés. De grandes rénovations ayant débuté en octobre 2015 devraient se terminer d'ici 2018. La Cité Saint-Chaumont redevient avenante après un long passage à vide. Retrouvez toute l'histoire de la Cité Saint-Chaumont dans l'article qui lui est consacré ici 


Le temps d’une escapade à travers l’Histoire, au cours d’une promenade à Ménilmontant, il n’est pas rare de découvrir au détour d’une venelle des ilots verdoyants, cités ouvrières pittoresques, préservées jusqu’à présent par leurs habitants de l’appétit des promoteurs immobiliers. Jardins secrets et jolies petites maisons de ville s’épanouissent à l’abri des regards. Quartier populaire ponctué de cités jardins d’un autre temps et de larges barres de béton datant des années 70, le XXème arrondissement regorge de lieux insolites, mémoire des anciens villages parisiens.





Accès 113 rue de Ménilmontant 

La prolongation de la rue de l’Ermitage en 1867 jusqu’à la rue des Rigoles puis jusqu’à la rue Olivier Métra a permis la création de nombreux passages insolites dont la Cité de l’Ermitage qui fut ainsi baptisée en souvenir de ses origines en 1981. Si au numéro 3, une bâtisse récente, immeuble impersonnel de trois étages a remplacé la plus ancienne maison de la cité, il suffit de faire quelques pas plus avant pour retrouver le charme bucolique des pavillons individuels conservés en l’état ou divisés en plusieurs appartements. Jardins envahis d’herbes folles et de fleurs des champs, rosiers savamment entretenus, la nature fait une belle incursion en pleine ville à quelques mètres de la très urbaine rue de Ménilmontant. Enfouis dans le feuillage se dévoilent peu à peu la brique et la pierre grise typiques des cités ouvrières. Le long de l’étroit passage aux pavés disjoints - deux mètres de large - le promeneur retrouve une quiétude singulière à laquelle la grande ville ne nous a pas habitués. En avançant, une petite place baignée de lumière où paressent des matous se révèle aux curieux. Soyons discrets afin de ne pas déranger les habitants privilégiés de cette allée bucolique qui si elle présente toutes les caractéristiques d’un passage privé n’en demeure pas moins une voie publique. Retrouvez toute l'histoire de la Cité de l'Ermitage dans l'article qui lui est consacré ici 



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.