Paris : La Galerie Argentine, belle endormie Art Nouveau [Edit 2024 : la galerie, actuellement en travaux, est inaccessible au public] - XVIème



Puissante armature métallique exposée, façade veinée de lacis céladon, remplissage de briques rouges, par son esthétique industrielle, la Galerie Argentine au 111 avenue Victor Hugo dénote dans la continuité de la très classique et très opulente voie parisienne. A l'alignement d'immeubles cossus, blondeur de pierre de taille, cet édifice roux oppose une flamboyance Art Nouveau tout en simplicité des lignes. Bâtiment très moderne lors de son édification, entre 1904 et 1907, les architectes Henri Sauvage et Charles Sarazin ont pensé ce projet dans la veine d'innovation architecturale de l'époque. La structure des édifices rendue apparente devient un élément décoratif, un parti pris plastique. Belle endormie poussiéreuse, la Galerie Argentine, partie marchande de l'édifice parfois mentionnée sur les plans de la Ville comme Cité Argentine, a conservé son élégance malgré ses allures sépulcrales.











Permis de construire délivré le 7 novembre 1904, inaugurée en 1907, cette construction singulière commanditée par l'homme d'affaires argentin Mayol de Sénillosa, se divise alors en un immeuble d'habitation sur rue - à l'origine des logements sociaux de type HBM - et d'une galerie marchande. La Galerie Argentine qui se termine en impasse, reprend à échelle réduite l'apparence des passages couverts parisiens des XVIIIème et XIXème siècles.

La vaste verrière soutenue par une structure métallique en arête de poisson offre un éclairage zénithal, diffusant une lumière naturelle dans tout le bâtiment. Au fond de la galerie se trouve une seconde verrière carrée. Armature métallique apparente, ornements de fonte en volute, consoles ondulées qui soutiennent le promenoir, bow-windows, les détails Art Nouveau sont typiques de ce mouvement esthétique.












Les balcons surplombant l'entrée apportent une touche originale. Pensée sur deux niveaux dont le second traité en loggia est desservi par une coursive, la Galerie Argentine accueille au rez-de-chaussée des commerces tandis que l'étage est plutôt réservé aux bureaux. Librairie ancienne, marchand de papier, boutique de costumes de carnaval, agence de voyage, photocopies, réparateur de téléphones s'annoncent élégamment mais la plupart des boutiques ont l'air désespérément vides. Question en suspens : les commerçants étaient-ils tous en en vacances ou avaient-ils mis la clé sous la porte ? Cette impression de vide s'accroit encore au second étage où les locaux peu adaptés aux exigences professionnelles modernes semblent abandonnés.

Anachronique, en décalage, la Galerie Argentine malgré des attraits non négligeables peine depuis sa construction à trouver son public. Boudée par les commerçants et les promeneurs, ce vaisseau de verre fantôme a quelque chose de fascinant, presque un peu morbide.

Galerie (Cité) Argentine
111 avenue Victor Hugo - Paris 16



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 


Bibliographie
Le guide du promeneur 16è arrondissement - Marie-Laure Crosnier Leconte - Parigramme
Le guide du patrimoine : Paris - Sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos - Hachette

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