Lundi Librairie : Une année qui commence bien - Dominique Noguez



Une année qui commence bien - Dominique Noguez : En 1993, Dominique Noguez, cinquante-et-un ans, rencontre lors d'un colloque de la Société des gens de Lettres, Cyril Durieux, vingt-quatre ans, fils de diplomate, futur banquier qui caresse des rêves de littérature. Le jeune homme déploie tous ses charmes pour séduire Noguez susceptible de l'introduire auprès des éditeurs. Blond aux yeux bleus, il n'est pourtant pas le type de l'écrivain qui préfère les bruns adonis. Mais le célibataire endurci tombe amoureux fou pour la première fois. Pervers narcissique, Cyril, tout en se refusant à Dominique, le fait courir, l'aguiche, flatté par les sentiments que ce dernier lui porte. Peu à peu, le jeu de séduction se mue en un long supplice ponctué de sévices psychologiques et d'humiliations. Victime consentante, ébloui par ses sentiments mais lucide sur l'objet de son amour, Dominique vit une lente descente aux enfers. Pendant cinq ans, ils entretiennent des relations compliquées.  
  
Dans cet autoportrait de l'auteur en amant malheureux, Dominique Noguez révèle son goût pour les garçons, confession tardive qui va à l'encontre des ses dispositions pour le secret et la pudeur. Féroce, cruel, grand livre de l'incomplétude, à aucun moment, il ne s'épargne, triste familier des amours tarifées, souffre-douleur d'un être inconstant et cynique qui se rit de lui. Sans concession, il croque avec âpreté le tableau d'une passion à sens unique traversé par la silhouette d'un solitaire sevré d'affection. Histoire douloureuse d'un homme vieillissant qui s'éprend d'un jeune gandin manipulateur qui a l'âge d'être son fils.

Quinze ans après les faits, s'aidant de son journal rédigé à l'époque, il évoque méticuleusement cet épisode douloureux, retranscription fidèle, presque naturaliste, comme pour solder définitivement cette histoire. Plume de fin lettré, style impeccable à travers lequel transparaît une érudition rare, ce récit bouleversant se colore d'une profonde mélancolie. A chaque page se révèle un peu plus le chagrin d'un ultime constat, source d'infinis regrets, celui de n'avoir jamais connu de grand amour réciproque, manque abyssal que l'auteur tente de combler par la littérature.

Interrogeant la nature des sentiments, celle de l'être aimé, Dominique Noguez se livre sans fard. Et au bout de cet ouvrage poignant une question en suspens : faut-il vivre le malheur pour écrire un très beau livre ?

Une année qui commence bien - Dominique Noguez - Editions Flammarion



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.