Nightlife : Moonshiner, le bar à cocktails bien caché, ambiance fredaine et speakeasy - Paris 11



Dans la série des bars cachés, planqué derrière une petite pizzeria de quartier, Da Vito, dont on m'a dit le plus grand bien mais parfaitement prise d'assaut donc jamais testée - je ne perds pas espoir, sachez-le ! - le Moonshiner est la star incontestée des speakeasies parisiens. Marilou à l'accueil du restaurant nous désigne au fond du minuscule établissement, la porte de la chambre froide. Elle ouvre vers un bar à cocktails pianotant sur le thème prohibition. Le Moonshiner n'a pas grand chose d'illégal mais joue avec humour sur la sulfureuse idée de clandestinité. La moonshine, alcool de contrebande fabriqué au clair de lune par des aventuriers de la biture, n'est pas exactement au programme de cet antre de la mixologie, interlude hors du temps, véritable bonne adresse. Ici se sirotent des breuvages inspirés parfaitement maîtrisés.










Aux commandes de ce bar, on retrouve Alexis, Thomas et Charles, toute l'équipe responsable de nos rades préférés comme le Dirty Dick donc je vous parlais ici ou encore l'UFO, l'Orange Mécanique ou le Rock'n roll Circus. Musique jazzy, ambiance tamisée, la décoration art déco dans l'esprit pop d'un Gatsby version Baz Luhrmann ne manque pas de charme. L'ambiance festive, plutôt feutrée, mise sur la convivialité et les alcôves discrètes, parfaites pour un rendez-vous galant. 

L'intrigant plafond sculpté a été réalisé sur mesure par un artisan québécois. Le papier peint reprend un motif dessiné dans les années 30 tandis que lampes tiffany chatoyantes, fauteuils club et Chesterfield de cuir brun, tables basses en bois sombre soulignent la référence. Clin d'œil décalé, un vieux tourne-disque trône silencieux en bonne place. Le grand fumoir à la décoration tout aussi soignée ravira les amateurs de la plante à nico. Derrière le vaste bar au comptoir de bois poli, une collection de belles bouteilles nous fait de l'oeil.

Clientèle cosmopolite, expats anglo-saxons, décidément ils sont sur tous les bons coups, trop d'la hype les guys ! A la carte qui change régulièrement, une vingtaine de cocktails pointus et inspirés sont servis dans des verres improbables du verre à pied rococo taillé à la chopine façon bocal. Les classiques twistés avec esprit côtoient les créations joliment troussées. Le punch maison de saison dans une jarre impressionnante en bout de comptoir se déguste pour 6 euro le verre. Quatre-vingt trois références de whisky et bourbons complètent l'aventure. Pour les plus récalcitrants, de nombreuses références de bières artisanales sont aussi à la carte.








Les bartenders passionnés par leur métier sont ravis de donner d'amples explications concernant leur art. Notre hôte ibère du soir, Pedro a été d'une aide précieuse et d'excellent conseil. Du soleil dans la voix et de l'or au bout des doigts, inspiration divine peut-être, il serait né par hasard au Vatican. Information que je n'ai pas pu vérifier mais qui ne manque pas de piquant. L'histoire est trop belle pour la remettre en question. 

Mon compagnon de virée débute la dégustation avec un cocktail de fille épatant, le Scarlett O'Clara -12 euro- vodka au miel, crème de mûre, jus de citron, jus de cranberry, Top champagne. Fruité, belle pointe d'acidité infléchie par la douceur du miel, un cocktail assez doux qui fait des étincelles. Pour ma part, le Number 6, rhum Havana 3 ans, rhum El dorado 6 ans, jus d'ananas, sirop de gingembre the firm, jus de citron, bittermens, très frais, note puissante de gingembre qui réchauffe les parfums de fruit. Très estival, se boit comme du petit lait.








Par la suite, nous avons tenté les deux grands classiques de la maison. Le Smokey Island -14 euro- servi dans une chopine rigolote allie rhum Havana 3 ans, gin Beefeater, vodka Wborowa, mezcal Sangremal mixés sur une abondance de glace. Subtilement corsé, il ne boude pas son éthylique agrément. Je me suis alors penchée sur le cas du Bottled Vieux Carré -9 euro- du nom du quartier frenchy de la Nouvelle Orléans, bourbon eagle rare, Cognac 1840 P. Ferrand, Bénédictine, Carpano antica formula, Peychaud's bitter. Ce cocktail inventé en 1938 par Walter Bergeron au Carousel Bar de l'hôtel Monteleone à NOLA est préparé 24 heures à l'avance afin que les alcools infusent pour un résultat étonnant de douceur, un impeccable équilibre des parfums.

Rien à jeter, le Moonshiner est vraiment le bar idéal, en semaine en amoureux ou entre amis le week-end pour un verre stylé. Convivial mais ultra chic, il épate par son côté initié et ravi tout à fait grâce à la chaleur de l'accueil. Moi, j'y retourne et vous ?

Moonshiner
5 rue Sedaine - Paris 11
Tél : 09 50 73 12 99
Horaires : du lundi au dimanche de 18h à 2h



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.