Paris : Tu me fais tourner la tête, le manège enchanté de Pierre Ardouvin - Porte d'Aubervilliers - XIXème



Les grands travaux de restructuration des voies de circulation, les espaces piétons et le mail arboré de la Porte d’Aubervilliers se sont accompagnés de la création du jardin Anaïs Nin dans lequel le plasticien Pierre Ardouvin a planté une drôle d’œuvre, spectaculaire et baroque, joyeusement kitsch. Intitulée Tu me fais tourner la tête en hommage à la chanson d’Edith Piaf, Mon manège à moi, cette installation teintée d’humour met en scène des éléments de manège détachés de leur carrousel. Cette installation singulière fait parti du projet artistique financé par la Mairie de Paris et la RATP afin d’agrémenter le prolongement entre porte d’Ivry et porte de la Chapelle du parcours du tramway des Maréchaux sur les lignes T3a et T3b. Ce projet ambitieux vise à intégrer l’art contemporain dans l’espace urbain, le faire sortir des galeries pour en faire un élément du quotidien afin qu’il devienne accessible au plus grand nombre, que le public puisse se le réapproprier.








Plantés dans la pelouse comme d’étranges fleurs colorées et clignotantes, les sujets de l’œuvre sont perchés sur des tiges d’acier s’élevant de 3,5 à 5,5 mètres de hauteur. Les mâts, torsadés de manière aléatoire comme des trombones triturés, suggèrent une sorte de mouvement, de tournoiement, de bondissement. Socle lumineux et LEDs s’allument la nuit telle une fête foraine perpétuelle. Cheval, éléphant, montgolfière, poisson, bateau ivre libérés de leur manège s’échappent pour s’ébattre le long du mail de la porte d’Aubervilliers dans une nature domptée, anecdotique au milieu d’un quartier en pleine évolution où règnent asphalte et béton. Création ludique, Tu me fais tourner la tête évoque la nostalgie de la joie de vivre des jeunes années, un certain chaos enchanté, un retour à l’enfance tout en apportant au site un petit grain de folie dans la froideur de la ville telle qu’elle se développe à sa périphérie.







Pierre Ardouvin, plasticien autodidacte, a, dans la première moitié des années 90, lancé un lieu de création autogéré à Montreuil avec Véronique Bourdin et Jean-François Guillon où ont débuté de nombreux jeunes artistes. Travaillant sur « le motif », il s’approprie des objets facilement identifiables chargés d’une dimension historique ou sociologique maniant l’art de la recomposition et du décalage. Il s’empare des canons culturels, pénétrant les arcanes de la conscience et de la mémoire collectives, pour y ajouter une pointe d’humour libertaire, une note discordante qui mènent à penser différemment ce qui est représenté.









Les objets familiers, issus de la réalité, se distordent sous l’effet de la volonté maligne de l’artiste. Installations, sculptures, photographies, dessins, son œuvre interroge la fin des utopies, l’expansion du libéralisme sauvage, les contraintes imposées au corps social, la société du spectacle, la grande désillusion, les replis identitaires, l’isolement. Créations ambivalentes, à la fois ludiques et inquiétantes, Pierre Ardouvin fait surgir du quotidien des images des mondes intérieurs où les les terres de l’enfance ne sont jamais loin, oscillant entre mélancolie, humour et poésie.

Tu me fais tourner la tête de Pierre Ardouvin
Porte d’Aubervilliers – Paris 19

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