Cinéma : Interstellar de Christopher Nolan par Lisa Giraud Taylor



Dans un futur prochain non déterminé, donc inquiétant, les sources fondamentales agraires se trouvent empoisonnées et notre planète est à l’agonie. Une expédition interstellaire est montée par la NASA afin de trouver une terre d’accueil. A sa tête, Cooper, un astronaute retraité interprété par Matthew McConaughey. Tiens, tiens, à peine revenu de la beauté visuelle de "Gravity" d’Alfonso Cuarón - concernant le film en lui-même, je passe mon tour - revoici l’espace ! Christopher Nolan réalise une odyssée spatiale d’une beauté glaçante. Ne nous étonnons pas de songer en vrac à Kubrick et même à "A.I. Intelligence Artificielle" de Spielberg. Steven Spielberg qui était d’ailleurs à la tête du projet depuis 2006 mais n’a pas pu se libérer pour mettre en œuvre lui-même ce long métrage.







Christopher Nolan filme comme personne l’univers, révélant ce qu’il a d’oppressant, d’anxiogène. C’est un vrai cinéaste avec une vision, une patte et ce grain de génie fou qui nous embarque dans son vaisseau spatial, sous le feu d’une bande son particulièrement tumultueuse. Nous, pauvres spectateurs, sommes alors ballotés entre les états d’âme, le silence, l’angoisse, le bruit et l’arrogance des scientifiques qui parlent quantique comme nous parlerions d’une passe en retrait au football. Du coup, j’en connais qui ont un peu décroché au moment de ces palabres très bien (trop ?) réglés et (trop ?) concrets. C’est quelquefois un brin ennuyeux.

A filmer ce silence, Nolan laisse, çà et là, passer quelques imperfections qui ne gâchent pas le plaisir mais ne lui permettent pas d’atteindre la puissance de Kubrick. Cependant, et même si certains n’hésiteront pas à comparer "Interstellar" à "2001 Odyssée de l’espace" - à mon humble avis, c’est exagéré - "Inception" était, malgré son côté insolite, franchement plus séduisant que cet opus. Cependant "Interstellar" fascine grâce à la vision cinématographique de Christopher Nolan et de son directeur photo, Hoy Van Hoytema, à l’interprétation de McConaughey qui révèle, de nouveau, une facette de son talent, loin, bien loin, des personnages romantico-nuls de ses premières années. Il interprète ce père dont le but ultime est de retrouver ses enfants. Le lien entre père et fille est particulièrement touchant. 




Les autres comédiens assurent leur partition malgré le fait qu’ils semblent un peu refroidis par les dialogues qui les ennuient eux aussi ? - Les personnages trichent, mentent ou déforment la vérité et les équations pour sauver leur peau. Tous aux abris ! Ah, oui, le fin mot de l’histoire ? Que dire… Cela restera à l’appréciation de chacun. Personnellement, j’ai été dubitative et cela a certainement gâché mon plaisir. Préparez-vous à 2h47 (et des poussières d’étoiles).

Interstellar de Christopher Nolan
Avec Matthew McConaughey, Anne Hathaway, Michael Caine 
Sortie le 5 novembre 2014


Lisa Giraud Taylor est écrivain, photographe et blogueuse. Son roman Liverpool Connexion est disponible aux Editions Trinômes. Vous pouvez également retrouver sa plume piquante sur Le blog d'une ItemLiz Girl. Cette jeune femme hyperactive - mais comment fait-elle ? - collabore régulièrement avec les webzines Lords of Rock et So Busy Girls où elle nous régale de chroniques pleines d'esprit, ultra punchy dans un style bien à elle. Humour ravageur et pertinence sont ses marques de fabrique.