Paris : Square de Montsouris l'insolite, verdoyante allée résidentielle - XIVème



Le square de Montsouris, ruelle pavée abondamment fleurie, est bordé de jolies maisons de ville construites au début des années 1920. Le parc éponyme, sur lequel débouche la venelle, a donné son nom actuel à l'ancien quartier du Petit Montrouge. Les territoires de ce hameau ont été rattachés à Paris sous le Second Empire. Le quartier de Montsouris doit peut-être ce nom singulier à la présence des anciennes carrières de gypse abandonnées qui ont laissé les sous-sols troués comme du gruyère, carrières sur lesquelles il a été bâti entre 1860 et 1878. Une autre tradition suggère que cette appellation proviendrait de la prolifération des rongeurs attirés par les nombreux moulins à vent où était concassé le grain des parisiens. Une explication moins poétique évoque l’indigence des populations originelles qui habitaient les environs.











Avec les grands travaux du baron Haussmann menés à partir des années 1860, tout le quartier du Parc Montsouris est réhabilité et prend progressivement de l’ampleur. Durant l’Entre-deux-guerres, de nombreux artistes tels que Soutine, Braque, Lurçat, Chana Orloff attirés par les loyers modérés et la proximité de Montparnasse, y installent leurs ateliers. Les rues aujourd’hui leur rendent hommage. Et parmi les plus charmantes découvertes à proximité, le square de Montsouris déploient les charmes d'une allée résidentielle confidentielle.

Le lotissement du square de Montsouris se compose de 62 villas construites à partir de 1923. Réalisées par l’architecte Jacques Bonnier, vingt-huit d’entre elles en briques rouges ou ocres étaient à l’origine des HBM habitations à bon marché, l’ancêtre des HLM de 1874 à 1949. Aux logements sociaux, ce sont ajoutés dans le même temps des initiatives particulières rivalisant d’originalité.











Lors la création de la rue, ouvriers et artistes - peintres, sculpteurs, écrivains - cohabitent donnant au quartier une tonalité singulière, un dynamisme vigoureux qui a fait place de nos jours à un certain embourgeoisement. Y ont habité le peintre Roger Bissière peintre qui prêtait volontiers sa maison l’été à son ami Nicolas Wacker, le peintre Tsugouharu / Léonard Foujita, le sculpteur Claude Bouscau.

L’architecture hétéroclite du square de Montsouris se décline en fantaisie Art Nouveau ou Art Déco, selon des lignes classiques, un graphisme moderne ou encore une silhouette résolument contemporaine. Les détails charmants ne manquent pas. Colombages nostalgiques, marquise pimpantes, oriels capricieux, colonnades d’opérette rivalisent avec les exubérances végétales de la vigne vierge et des glycines presque centenaires. 












Audace et extravagance caractérisent les constructions entre ateliers d’artiste, maisons d’architecte et pavillons. Ouverte à la circulation publique en 1959, cette jolie voie ne craint plus les assauts des promoteurs puisqu’elle est inscrite à l’inventaire complémentaire des sites classés depuis 1975.

Façades en pierre, en brique, en crépi, certaines attirent particulièrement le regard. Tout au bout du square de Montsouris, la villa Reille dont l’entrée se trouve au 53 avenue Reille  dessinée par les architectes Le Corbusier et Pierre Jeanneret en 1923 pour le peintre Amédée Ozenfant dans le style paquebot. Le n°42 aux angles purs soulignés de bleu porte le nom de J. Déchelette.




 






L’architecte Gilles Buisson a imaginé les numéros n°6 et n°40. Le numéro 40, étrange maison à colombage et vitraux était la propre demeure de l’architecte puis devint dans les années 40 celle du sculpteur Claude Bouscau (1903-1989). Au n°2, une bâtisse signée par les frères Perret  - Auguste, Gustave et Claude - construite pour Pierre Gaut, est un assez bel exemple du mouvement moderne et de l’utilisation précoce du béton armé. Paris bucolique, patrimoine unique, le square de Montsouris fait partie de ces lieux préservés à la fois trésors communs et propriétés des plus privilégiés, à l’instar de la rue Crémieux, la Petite Alsace ou encore la Cité Florale. Au cours d’une promenade, s’adonner à la rêverie, halte enchantée le long des pavés d’une ville rêvée.

Square de Montsouris - Paris 14
Début 8-12 rue Nansouty
Fin 51 avenue de Reuille
Métro ligne 4 Porte d’Orléans, RER B Cité Universitaire, Tramway T3 Montsouris