Expo : Rétrospective Robert Mapplethorpe au Grand Palais - Jusqu'au 13 juillet 2014



Invitée à la soirée d’anniversaire des dix ans de "Ca balance à Paris", émission culte de Paris Première, j’ai eu l’opportunité de découvrir dans des conditions exceptionnelles - être quasiment seule dans une exposition au Grand Palais, un luxe des plus appréciables - la rétrospective consacrée au photographe Robert Mapplethorpe disparu précocement en 1989. Les 250 clichés présentés retracent son parcours, une quête radicale de perfection, d’harmonie et de beauté qui se retrouve aussi bien dans les nus, les portraits que les natures mortes. Une trajectoire suivie à rebours puisque la visite se termine avec ses tout premiers polaroïds. Vie de bohème au mythique Chelsea Hotel, révolution sexuelle, mouvement du black power et vent de renouveau soufflant sur le monde de l’art - la Factory de Warhol est à deux pas - Robert Mapplethorpe, le dandy effronté, est devenu l’un des symboles de la libération des mœurs du New York interlope des années 70 et 80.









Autodidacte, il débute par le dessin avant d’être choisi par la photographie. Robert Mapplethorpe immortalise ses contemporains et transcende les corps, les sublimant pour en faire des œuvres d’art. Cette esthétisation extrême signe aussi bien les scènes de bondage que la chair de fleurs équivoques. La facture de ses clichés étonnamment classiques, déshumanisés peut aujourd’hui paraître très lisse voire datée. Noir et blanc ultra-stylisé, cadrage millimétré, recherche du beau consensuel et forte dimension plastique. Les corps nus, athlétiques à l’image des sculptures académiques relèvent des canons de la beauté antique.

Rigueur, jeux de contraste exaltant les pleins et les déliés des anatomies, travail de pose, importance de la lumière révélatrice de perfection, les photographies de Mapplethorpe sont irréprochables dans l’affirmation d’un classicisme qui révèle l’obsession de la forme parfaite.

La controverse dont son travail a fait l’objet de son vivant est suscitée par la liberté de ses sujets et une sexualité vécue ouvertement. Interrogations autour de cette sexualité mais aussi du genre, de la couleur. Il est notamment l’un des premiers à célébrer la beauté noire. 









L’exposition est scénographiée selon les sources d’inspiration du photographe. Tout d’abord la sculpture, les fleurs puis ses muses Patti Smith et Lisa Lyon, première championne du monde de culturisme qu’il compare aux femmes de marbre de Michel-Ange. Un large pan est consacré aux portraits des artistes et célébrités dont Mapplethorpe était l’ami. Iggy Pop, Yoko Ono, Debbie Harry, Keith Haring, Truman Capote, Annie Leibovitz, Grace Jones ou encore Amanda Lear et au centre du tableau Andy Warhol.

L’iconographie gay et sado-maso prend toute sa mesure dans la pièce interdite aux moins de 18 ans, chambre close façon backrooms qu’il fréquente assidument y trouvant plaisir et inspiration. Un travail cru, d’un érotisme froid.  






 



Robert Mapplethorpe explore la chair à travers l’art et les pratiques sexuelles. Si l’exposition de ses œuvres fait encore scandale dans une Amérique conservatrice et puritaine, il semblerait qu’en Europe, elles aient perdu de leur charge subversive principalement à cause de leur formalisation classique. L’œuvre de Mapplethorpe peut alors être abordée comme le témoignage d’une époque éprise de liberté qui donna la parole aux femmes, aux noirs ainsi qu’à la communauté gay.

Rétrospective Robert Mapplethorpe
Jusqu’au 13 juillet 2014

Grand Palais - Galerie Sud-Est 
Entrée avenue Winston Churchill - Paris 8 
Horaires : 10h-22h tous les jours - fermeture dimanche et lundi à 20h




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