Paris : Monochrome for Paris, une sculpture de Nancy Rubins - Esplanade Pierre Vidal-Naquet - XIIIème



A travers sa minéralité verdoyante, son architecture géométrique, l’esplanade Pierre Vidal-Naquet représente dignement la modernité des nouveaux quartiers de Seine Rive Gauche. Juste devant l’université Paris VII Diderot se dresse, au milieu d’une pelouse, une intrigante structure métallique de 10 mètres de haut et autant de large, une sculpture monumentale réalisée par l’artiste américaine Nancy Rubins. Originellement prévue pour se trouver aux abords de la ligne T3a, l’un des tronçons prolongeant le tramway entre porte d’Ivry et porte de la Chapelle, Monochrome for Paris fait l’école buissonnière le long des bords de Seine, s’échappant à l’écart du boulevard Masséna. Erigée en 2013, cette sculpture est certainement l’une des œuvres les plus impressionnantes du parcours d’art contemporain côtoyant le récent tracé tram.







Au sommet d’un mât d’inox, se déploie un enchevêtrement arborescent de 10 barques et 50 canoës assemblés de sorte à former une sorte de pissenlit d’acier gigantesque dont les aigrettes lancent des éclats froids, un arbre de métal aux branches effilées. Entre évocation des forces de la nature et détournement d’objets manufacturés, Monochrome for Paris assume une végétalité paradoxale dont la dynamique multidirectionnelle fait également songer aux déflagrations incandescentes d’un feu d’artifice, étoiles soudainement figées dans le ciel.

L’œuvre de Nancy Rubins est essentiellement axée sur la réalisation d’assemblage hétéroclites, des agglomérations inversant les priorités forme et fonction. La plasticienne détourne des objets manufacturés de leur usage leur assurant un passage du fonctionnel au signifiant. Elle joue le rôle de révélateur et met en lumière les possibilités selon une formule plastique qui vient requalifier les objets usuels en exaltant leurs propriétés esthétiques.







En 2009, lorsque la Ville de Paris approche Nancy Rubins pour commander une œuvre, les curateurs sont tout de suite séduits par les projets mettant en scène des embarcations qu’elle leur propose. Clin d’œil au blason parisien. La Mairie souhaite alors que soient utilisés des bateaux français. Cependant faute de trouver des barques d’aluminium adéquates dans l’Hexagone, les chaloupes sont importées de Californie et du Canada.

Créations monumentales destinées aux grands espaces, les travaux de cette artiste s’intègrent au paysage urbain exaltant les réalités nouvelles de la ville. Ces œuvres s’insèrent dans le tissu du monde concret. Un investissement du réel en confrontation directe avec les conditions matérielles. Pour Monochrome for Paris, Nancy Rubins avait dans un premier temps imaginé une sorte de cascade prolongée par les allées du parvis comme des ruisseaux. Lors de l’impressionnant montage qui a eu lieu en 2013, puissantes grues à l’appui, elle a préféré laisser les lieux physiques l’inspirer en improvisant une forme finale différente, plus compacte. 





Paradoxalement alors que les barques de Monochrome for Paris font immédiatement songer à la Seine toute proche, l’architecture de l’esplanade a été bien plus déterminante dans la réalisation de cette sculpture. Elle offre une configuration variable selon l’angle par lequel le passant l’approche, silhouette aléatoire que patinent peu à peu les éléments.

Monochrome for Paris - sculpture de Nancy Rubins
Esplanade Pierre Vidal- Naquet - Paris 13