Art : Doubles lignes indéterminées, une oeuvre de Bernar Venet - Quartier Michelet, Esplanade Sud - La Défense



"Doubles lignes indéterminées", sculpture monumentale en acier peinte, haute de douze mètres, a été installée à la Défense dans le quartier Michelet en 1988. Cette sculpture abstraite représente deux lignes enchevêtrées. La parenthèse abstraite défie la gravité. Les lignes non définies, à la perspective variable selon les points de vue, n’offrent aucun repère dans l’espace. "Doubles lignes indéterminées" provoque un choc visuel. In situ, elle embrasse à l’extrême le concept de contraste entre l’œuvre et son contexte, entre l’enchevêtrement des lignes mates qui s’élancent graciles vers le ciel et l’alignement géométrique des immeubles, tours gigantesques de verre et d’acier filetées de lumière. Cette titanesque structure abstraite prend possession de l’espace à travers ses pleins et ses déliés, les zones vides devenant une part de l’œuvre, oxymore visuel à la fois chaotique et très architecturale.








L’œuvre de Bernar Venet possède une grande force visuelle dont la répétitivité du style prend sens dans l’exploration des concepts jusque dans leurs retranchements. Elle procède d’une esthétique radicale, souvent controversée notamment l’aspect rouillé des grandes poutres d’acier qu’il utilise comme matériau principal.

Quasiment autodidacte, à 11 ans alors qu’il est destiné à l’usine, Bernar Venet découvre un un livre d’art consacré à Renoir dans la vitrine du marchand de couleurs et réalise qu’il peut dédier sa vie à sa précoce vocation artistique. Malgré une famille très modeste, trop pauvre pour assurer des études d’art, il s’engage dans cette voie et débute vers l’âge de 20 ans comme décorateur à l’Opéra de Nice où il développe un goût de la mise en scène et de la démesure.








Dès les années 60, il rejoint Arman à New York et se place à l’avant post du mouvement conceptuel auquel il adjoint une bonne dose de provocation et une passion pour la théorie mathématique du réel. Bernar Venet cherche à  mener l’abstraction au point ultime. L’univers des mathématiques et des sciences pures le fascine au point de devenir son sujet de prédilection.

Son œuvre prend une orientation nouvelle dès 1979. Il s’affirme sur le terrain de la sculpture avec la série des lignes indéterminées, des lignes d’acier qui vont faire sa réputation dans le monde entier. Il cherche à réinventer la ligne chaotique sur un plan artistique manifestant un intérêt particulier pour « le hasard et la prédictibilité. » Le désordre, la complexité, l’indétermination deviennent des obsessions qu’il traduit plastiquement avec un sens de l’épure, de la sobriété à travers des gestes radicaux inspirés par l’arithmétique.









Malgré une grande exposition à Versailles en 2011, le succès commercial et la perpétuelle confrontation à la démesure de l’œuvre de Bernar Venet fait bouder les français alors que par ailleurs elle est encensée par les critiques américains, soutenue inconditionnellement par les musées allemands qui le révèrent et ont joué un grand rôle dans sa carrière, adulée par le marché coréen. De son atelier à New York dans le quartier de Brooklyn et sa résidence d’été à Muy en Provence où il a créé sa fondation, entouré d’une dizaine d’assistants, le maître plus intéressé par la démarche que par la réalisation concrète de ses projets transmet les croquis et les maquettes à 20 ingénieurs et ouvriers  dans le berceau sidérurgique de la Hongrie qui transposent dans l’acier les créations de l’artiste.

Doubles lignes indéterminées - Bernar Venet
Quartier Michelet - Esplanade Sud - La Défense