Photo : Nobuyoshi Araki - Les femmes, les fleurs, le bondage et le quotidien

Nobuyoshi Araki


Fasciné par les femmes, les fleurs et le bondage, Nobuyoshi Araki, grand-père indigne à l’énergie communicative, star des photographes nippons, dénude et ligote de jeunes créatures consentantes depuis plus de 30 ans. Artiste prolifique, il a publié plus de 450 livres au Japon. Outre ses albums de photos qu’il accompagne de textes sur le mode du journal intime, il est l’auteur de nombreux essais et interviews. Ses thèmes de prédilection : Tokyo, le sexe et la mort, pulsions indissociables de vie et de trépas. Ses sujets, beaucoup de femmes nues dont son épouse décédée en 1990, les fleurs dont son oeil relève la puissance érotique, les anonymes du quotidien et la ville moderne.


Orchidée - Nobuyoshi Araki
Rose - Nobuyoshi Araki
Voyage Sentimental - Nobuyoshi Araki - 1971

Né en 1940, Araki est célèbre pour ses apparitions à la télévision et son sens du spectacle excentrique. Figure du monde des médias et emblème transgressif de la culture japonaise, le vieux génie égrillard poursuit une carrière sulfureuse débutée dans le scandale. En 1970, il expose des grands formats de sexe féminin qu’il reproduit à la photocopieuse. L’année suivante, il se penche sur l'expression autobiographique, indissociable aujourd’hui de son travail, en réalisant un reportage photo sur sa nuit de noce sous la forme d’un journal, intitulé Voyage Sentimental. 

Nobuyoshi Araki est également le photographe érotique le plus réputé du Japon ce qui alimente la polémique autour de son œuvre nourrissant un questionnement perpétuel sur la frontière entre l’art et l’obscénité. La pornographie est l’un des thèmes qu’Araki explore jusqu’à l’obsession, un thème qu’il aborde avec une certaine malice comme un genre esthétique et comme un sujet critique. Il estime que la nudité est dans le portrait et non dans le corps. Démiurge borderline et fantasque, lors de ces séances il se met nu à l’instar de ses modèles. Je vous ai sélectionné les images les plus soft, blog tout public oblige.


Nobuyoshi Araki

Fin des années 70, et début 80, ses photos sont diffusées dans des magazines comme la version japonaise de Playboy. En contrepartie, Nobuyoshi Araki réalise alors un reportage sur la scène underground pornographique tokyoïte, une série tellement brute qu’elle agit plus comme un révélateur d’une réalité sordide que comme matière à fantasmes. Repoussant les limites toujours plus loin, il est régulièrement frappé de censure par les autorités japonaises. En 1992, l’une de ses expositions jugée obscène doit fermer et il est condamné à une amende importante. Quelques mois plus tard, les galeristes qui vendent le livre Erotos sont arrêtés pour trouble à l’ordre public et obscénité.

Araki a inauguré un genre nouveau de photographie, une démarche inédite dans la veine d’autofiction qui ouvrira la brèche à des artistes comme Sophie Calle et Nan Goldin, une proximité que l’on retrouve également chez Larry Clark. En adoptant  la  photographie comme mode de vie, son quotidien devient un reportage autobiographique incessant, réflexion sans fard sur ses extrêmes personnels entre le trublion déchaîné, chouchou des médias dont l’existence est une fête perpétuelle et les lendemains qui déchantent avec un retour à la réalité, le monde désolé mais fascinant des trottoirs, la rue sordide et magnifique, la ville tentaculaire sans limite. L’objectif suit au plus près la vie de l’artiste. 


Nobuyoshi Araki
Nobuyoshi Araki
Nihonjin no Kao, visages du Japon - Nobuyoshi Araki
Nihonjin no Kao, visages du Japon - Nobuyoshi Araki


Nobuyoshi Araki photographie tout ce qu’il voit. Si la réalité qu’il donne à voir est insignifiante, ennuyeuse, vulgaire ou belle c’est que sa propre expérience du monde l’est aussi. Il montre la beauté comme la laideur, le banal comme l’extraordinaire, un univers complexe fait de paysage urbains, de visages anonymes et de moments érotiques. Dans son album Kofuku Sashin, Aruki cherche à traverser la barrière de l’intime en établissant une relation privilégiée avec le modèle dans l’instantanéité du cliché. Son leitmotiv tel qu’il l’exprime : Ne fais pas d’œuvre d’art. Ne fais pas de photographie. Un précepte qu'il applique dans le livre Nihonjin no Kao visages du Japon pour lequel il a photographié des milliers d'anonymes au cours d'un long périple dans les préfectures nippones.


Sentimental Journey, Voyage Sentimental - éditions Heibonsha
Kofuku Sashin - éditions Heibonsha
Nihonjin no Kao, visages du Japon
Erotos - éditions Heibonsha
Rétrospective Nobuyoshi Araki - éditions Taschen
Love Hotel - éditions Denoël 


Araki Nobuyoshi - Bondage - 1991